Ferrucio Busoni (1866 - 1924)
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Musicien de génie, pédagogue, pianiste virtuose, Busoni fut aussi un
critique redoutable, un théoricien et un professeur portant vers les sonorités
avant-garde. Il est aujourd’hui davantage connu pour ses transcriptions de J.S.
Bach que pour ses propres œuvres. Il écrivit pour tous les genres et sa musique
est l’une des seules qui ne doit rien à Wagner ou Debussy. Ses affinités
musicales partent du Classicisme de Bach, Mozart, et Liszt mais vont jusqu’à la
porte du dodécaphonisme schönbergien sans y adhérer. Parmi ses élèves, citons
Kurt Weill ou Edgar Varèse.
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Ferruccio Busoni est né en Toscane, près de Florence dans le village d’Empoli.
Fils d’une famille de musiciens, Busoni possède une double culture de par sa
mère italienne (pianiste) et de son père allemand (clarinettiste). Toute sa
vie, il gardera cette ambivalence culturelle : italien de cœur et allemand
de choix. Dès l’âge de dix ans, la famille Busoni s’installe en Autriche, à
Graz.
Ferruccio Busoni, en 1877
Ferruccio est un enfant prodige : il donne son premier concert en
tant que pianiste à l’âge de huit ans et dirige son propre Stabat Mater à l’âge
de douze ans. Lors d’un concert à Vienne, il reçoit même une critique élogieuse
de la part du redoutable Hanslick. Il
intègre le Conservatoire de Leipzig en 1886 pour une durée de trois ans. Il y
rencontrera Tchaïkovski, Grieg, Mahler ou Delius et compose son premier Quatuor en ré mineur op.26. Dès 1888, il
commence son travail de transcription des œuvres pour piano de J.S. Bach. En 1890, sa réputation de
pianiste virtuose est définitivement établie. Il commence sa carrière de
pédagogue dès 1889, en enseignant aux Conservatoires d’Helsinki puis de Moscou.
On note une brève interruption de son activité de professeur pour une tournée
de virtuose aux Etats-Unis.
"Map of the West of the United States showing the long and dolorous Tour, the anti-sentimental journey of F.B., 1904, Chicago
A son retour, il s’installe à Berlin, qu’il ne quittera que très peu,
mis à part une pause à Zurich pendant la Première Guerre Mondiale. A Berlin, il
organise de nombreux concerts de musique contemporaine, dirigeant lui-même les œuvres
de Bartók, Sibelius, Debussy (première audition en Allemagne du Prélude à l’après-midi d’un faune) ou
Fauré.
Au public, il fera aussi découvrir Bach mais aussi Mozart, jouant de
très belles cadences dans les Concertos pour piano, et Liszt (déjà tombé
dans l’oubli); il donna en 1911 une série de six récitals retraçant dans la
quasi intégralité l’œuvre de son émule pianistique. Ferruccio était l’un des
plus grands pianistes de son temps. Parmi les témoignages : « Le jeu de Ferruccio est ce que l’on peut
entendre de plus complet et de plus parfait » (Chantavoine), « Il jouait très simplement et toujours
de très près, sans articulations exagérées, sans se balancer et sans grands
gestes inutiles (…) Ses
interprétations des Etudes de Chopin, des œuvres de Liszt, des Variations sur
un thème de Paganini de Brahms, étaient d’une perfection vraiment incomparable »
(Irène Baumme).
Le compositeur :
Busoni, 1913
Busoni est un pianiste de renom, il a donc composé pour cet
instrument. Mais pour le piano, il est davantage connu pour son travail de
transcriptions sur les œuvres de J.S. Bach (Edition Bach-Busoni, publiée chez
Breitkopf et Härtel), mais aussi de Liszt, Brahms et Beethoven.
Ses œuvres pour piano sont d’une virtuosité sans commune mesure, comme
son Concerto pour piano op.39 (1904),
dont le dernier des cinq mouvements se compose d’un chœur d’hommes.
Pour orchestre, il compose une douzaine de pièces, un Concerto pour violon op.35 (1897), un Divertimento op.52 pour flûte et
orchestre (1920).
Dans le domaine de la musique vocale, il laisse quelques cantates et œuvres
chorales. Mais surtout, il est l’auteur de quatre opéras, dont le fameux Turandot et le posthume Doktor Faust, qui fut terminé par son
élève Philippe Jarnach et créé à Dresde en 1925. Fait exemplaire, il est l’auteur
des livrets de ses quatre ouvrages dramatiques.
Musicalement, Ferruccio était un défenseur du Classicisme mais
également un novateur. Il s’explique notamment dans le Projet d’une nouvelle esthétique musicale (1907), un traité anticonformiste
dans lequel il conteste le recours à la forme sonate, aux modes majeur et
mineur… et prône toutes les innovations à venir durant la première moitié du
XX° siècle : emploi de modes anciens, polytonalité, et même de l’électronique
(de sa tournée américaine, il avait ramené le dynamophone du Docteur Cahill,
permettant de produire des sons inédits) !
En accord avec toutes ses idées, il écrit la Fantaisie indienne op.44 (1913), Romanza e Scherzoso op.54 (1921) et surtout dix Sonatines pour piano (1910-1920). Dans
ces sonates, la forme traditionnelle est dépassée : il n’y a plus de
formule d’écriture ni langage stéréotypé. Busoni enchaine les idées musicales
les unes aux autres, présentant des audaces, des dissonances ou des consonances
de façon insolite. Bien que proche de l’Ecole de Vienne dans ses idées, il n’adhèrera
jamais au dodécaphonisme.
« La technique classique
arrivera à épuisement au bout d’une étape dont elle a déjà couvert la plus
grande partie. Où va mener l’étape suivante ? A mon avis, elle nous
conduira aux sonorités abstraites, à une technique sans entraves, à une liberté
tonale illimitée. Il faut reprendre tout à zéro en repartant d’une virginité
absolue. »
Ferruccio Busoni meurt à Berlin en 1924, à l’âge de cinquante-huit ans.