Biographie de Franz Liszt (1811 - 1886)
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Franz Liszt est un musicien de
légende, un artiste remarquable qui a tout osé. Pourtant, il fut l’un des
compositeurs les plus incompris du XIX° siècle. Pianiste virtuose, il crée des
formes nouvelles pour le piano et un langage musical expressif digne du
Romantisme. Liszt est un homme impressionnant par son activité créatrice : 717
compositions sans compter les œuvres inachevées. Il multiplie également les
activités en étant un interprète virtuose, écrivant dans des revues,
s'engageant dans des combats sociaux... Liszt est davantage qu'un musicien
romantique, il est un musicien universel !
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Franz Liszt est né le 22 octobre 1811 à Raiding en Hongrie. Son enfance, comme celle de Mozart ou de bien d'autres musiciens, est difficile. Il montre de vrais talents musicaux pour le piano dès son plus jeune âge et reçoit une éducation musicale avec de grands maîtres comme Czerny ou Salieri. Dès
1820, son père lui fait commencer une carrière de soliste, comptant sur son talent pour lui faire gagner de l'argent et une belle renommée. Il eut même le l’honneur de rencontrer le grand Beethoven qui lui fit une très belle prédiction : « Tu es un heureux et tu rendras heureux d’autres gens : il n’y a rien de plus beau ! ».
Le jeune Liszt se trouve rapidement dans les grands centres culturels européens : Vienne jusqu'en 1823 puis Paris où il souhaite intégrer le Conservatoire, réputé comme la plus grande formation d'Europe. Malheureusement pour lui, les portes lui furent fermées car il était étranger. Liszt n'a d'autres choix que de donner des leçons
de piano pour vivre. Il se forme alors tout seul, en autodidacte. Cependant, il est accueilli rapidement par les salons parisiens et la Cour. Son premier concert au Théâtre italien lui vaut une belle critique : le journal le Drapeau Blanc le déclare le premier pianiste d'Europe et le compare même à Mozart. La carrière virtuose de Liszt est lancée. Il cherche alors à installer définitivement sa réputation par
une tournée à l'étranger et un succès à l'opéra. Liszt n'a que quatorze ans...
A l’âge de vingt ans, Liszt va subir un choc musical qui lui fera remettre sa technique pianistique en question. Comme Schumann et Chopin, Liszt est bouleversé lorsqu’il entend Paganini pour la première fois. Il décide alors d’égaler au piano la virtuosité violonistique du prodige. Pour cela, il libère
la main, le buste et l’épaule de l’interprète et impose une conception plus corporelle du jeu pianistique, créant ainsi un véritable « piano orchestral ». Il ne cessera jamais d’aller plus loin dans ses recherches : dès l’âge de vingt-six ans, il commence les Etudes en douze exercices qui deviendront plus tard les Etudes d’exécution transcendante.
Entre 1827 et 1829, Liszt traverse deux crises mystiques importantes : il ne rêve que de se faire prêtre. La première crise est guérie par une idylle avec l’un de ses élèves, la seconde par le canon des Trois Glorieuses de juillet 1830.
Les événements qu'il se passe dans les années suivantes déterminent la personnalité de Liszt. La révolution de 1830 va affirmer son caractère révolutionnaire et ses prises de position politique. Sa rupture avec la fille d’un ministre lui fait comprendre que les différences sociales sont importantes. Il vit cette période
tellement mal qu'il songe à abandonner sa carrière pianistique et devenir prêtre. Cette période va durer dix-huit mois. En 1830, il sort enfin de son abattement et reprend sa vie mondaine, courant les salons. Surtout, il devient l'amant de la comtesse d'Agoult (1833), une jeune femme romantique passionnée de nouvelle musique. La musique de Liszt correspond bien à ses attentes : excentriques, ses œuvres Apparitions pour piano et sa Grande Fantaisie de bravoure
sont incompréhensibles pour le public de l'époque.
Lisztomanie
C'est durant sa relation avec la comtesse d'Agoult que Liszt affirme sa réputation de virtuose romantique et de musicien d'avant-garde. En 1835, Marie d’Angoult abandonne son foyer pour vivre avec Liszt et ils s’enfuient tous deux en Suisse en août, laissant derrière eux le scandale de leur relation illégale et le scandale qui l’accompagne. En 1837, le couple
s'installe en Italie, où ils auront deux enfants, Cosima et Daniel qui s'ajoutent à la petite Blandine. L’on s’en rend compte, Liszt est un homme qui bouleverse les habitudes, aussi bien dans sa vie privée que dans ses écrits, ou dans sa musique.
Pendant des années, Liszt parcourt l’Europe entière donnant récital sur récital. Il innove d’ailleurs certains aspects du concert en étant le premier à donner des récitals entiers dédiés au piano seul, à jouer de mémoire… Il redécouvre également la culture germanique durant ses voyages, écrivant
de nouveau en allemand, lisant tous les auteurs à succès, notamment les poètes (Goethe, Heine, Schiller…). Ce retour aux sources coïncide parfaitement avec sa nomination comme Kappellmeister à Weimar (1842). Marie d’Agoult quittera Liszt deux ans plus tard (1844), lassée des aventures de ce dernier.
Jusqu'en 1848, Liszt se positionne comme un virtuose européen, enchaînant les tournées et les pays, menant une véritable vie d'itinérant. Liszt fait une première pose à Weimar en juin 1848. Lassé de sa vie de Bohême, il souhaite se fixer quelques temps pour composer et approfondir sa notion de grande forme en musique. Il
donne enfin la version définitive des Années de Pèlerinage, des Douze études d'exécution transcendante, des Rhapsodies hongroises, et compose douze poèmes symphoniques, la Messe de Gran, la Dante-Symphonie, la Faust-Symphonie, le Psaume XIII et la première Mephisto-Valse. En même temps, il organise deux festivals Berlioz, un festival Wagner et crée un grand nombre
d'œuvres contemporaines, se battant pour la musique de Wagner (Tannhaüser, Lohengrin), Schubert (Alfonso und Estrella, son opéra méconnu), de Berlioz (Benvenuto Cellini) ou de Schumann (Genoneva).
Liszt dans son cabinet de travail
Fatigué de Weimar, il part pour Rome et y restera jusqu'en 1869. Durant son séjour romain, séparé il connaît de nouveau une déception amoureuse dû à son rang social. Le 25 avril 1865, Liszt, abattu, entre dans les ordres mineurs. Il ne franchira jamais les ordres définitifs. A cette époque, cela est très provocateur.
Mais l'abbé Liszt sait mettre sa nouvelle situation à profit en composant essentiellement de la musique religieuse : le Christus, le Cantique de St-François d'Assise, la Missa Choralis, le Requiem, un Ave Maria...
Les quinze dernières années de Liszt voient le compositeur se recentrer sur lui-même. Il reste pourtant mondain et sociable, donne toujours des leçons à divers élèves à Weimar ou Budapest et continue de fréquenter les salons à Rome. Il compose énormément, multipliant les arrangements, les transcriptions.
Il va même se rapprocher de son pays natal, la Hongrie, à partir de 1870, suite au conflit entre la France et la Prusse. Il ne s'y installera pas vraiment mais y séjournera de longs mois, se partageant entre Rome et Weimar.
Une dernière flamme amoureuse à Budapest (1880), un dernier poème symphonique « Du berceau à la tombe » (1881)… la santé de l’abbé Liszt devient fragile. Les trois dernières années de sa vie, il sillonne l’Europe, entreprenant sa « suprême grande tournée », donnant partout
des concerts aux succès éclatants.
Liszt et sa fille Cosima Liszt
au piano
Dans les dernières années, le langage musical de Liszt évolue et on distingue les premières traces de l'atonalité. Cela lui vaut le titre de visionnaire, car ses premières expériences seront reprises au début du XX° siècle et vont bouleversées totalement l’univers musical. A l'âge de soixante-quinze ans,
Liszt est un homme heureux, fêté dans toute l'Europe. Il meurt subitement le 31 juillet 1886, de passage a Bayreuth, auprès de sa fille Cosima – les relations entre Cosima, Wagner et Liszt ne peuvent avoir lieu dans une biographie mais davantage au sein d’un dossier, très prochainement.