Les
bruitistes, la musique concrète et la musique électronique :
De tout temps, l’objet sonore a été détourné
de sa fonction initiale à des fins musicales. Satie au début du siècle s’était
montré précurseur, mais John Cage domine essentiellement cette seconde moitié
du XX° siècle en utilisant les objets pour modifier la sonorité initiale du
piano ; il écrivit notamment des pièces pour piano préparé usant de gomme,
feutre, métaux divers insérés dans les cordes du piano.
La musique concrète exploite tout matériau
sonore. Sons et éléments préexistants sont enregistrés puis manipulés. Le
magnétophone devient l’outil de base indispensable à la manipulation. Le Groupe
de recherches de musique concrète est fondé à Paris en 1951 par Pierre
Schaeffer et Pierre Henry. Influencé par les bruitistes italiens (Russolo) et
les compositeurs scientifiques (Xenakis), le Groupe établit sa musique à partir
de collages dans lesquels le matériau sonore (enregistrements de bruits de la
vie quotidienne) est réélaboré ou remodelé. Ainsi les œuvres de Messiaen
(Timbres-durées, 1952), Boulez (Etudes I, II, 1952), Xenakis (Desert, 1954). A
la suite de critiques établies par Boulez, Schaeffer poursuit ses recherches
dans le domaine de la musique électronique en 1958 avec le Groupe de recherches
musicales de l’ORTF.
Le travail en studio devient un passage
obligé pour beaucoup de compositeurs au milieu du siècle. Le musicien fait des
sons, les choisit, procède au montage puis les collent, les coupent… On parle
alors de musique électroacoustique.
Pierre Schaeffer jouant du phonogene,
magnétophone à bande dont la vitesse est modifiée par les touchs du clavier
Dans le domaine de la musique électronique
est fondé le Studio de Cologne en 1951 et axe ses techniques musicales sur des
sons de nature synthétique, générés en laboratoire et organisés selon des
critères proches du rationalisme post-webernien. En 1956 naît une première
collaboration entre l’école de Darmstadt et le Studio de Cologne, avec Gesang
des Jünglinge de Stockhausen. Ensuite furent initiés à ces nouvelles
expérimentations Berio, Maderna et bientôt plusieurs centres de musique
électronique s’ouvrirent à Florence, Rome, Bruxelles. Très vite des multiples
différenciations se font jour dans le monde musical, entre la musique
électronique et la musique pour instruments traditionnels, entre la musique
électronique exécutée en direct et celle enregistrée sur bande magnétique.