Ernest Chausson (1855 - 1899)
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La vie de Chausson couvre toute la seconde moitié du XIX° siècle, de
la veille de la première Exposition Universelle de Paris à l’orée du siècle
nouveau. Il s’intéressa sérieusement à la musique à un âge avancé, après avoir
essayé l’écriture, le dessin et le droit (il devient avocat). Wagner et
Massenet furent décisifs et sans eux, il n’aurait pu forger ce style si
personnel qui fit sa réputation dans les salons parisiens.
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Une hésitation ?
Né le 20 janvier 1855, Ernest Chausson a évolué dans un milieu familial aisé (son père était entrepreneur de travaux publics). Il fut très tôt confié à un précepteur,
Berthous-Lafargue qui lui transmit son goût pour la lecture, le dessin, les expositions, les
concerts et le fit pénétrer dans les salons à la mode (chez Mme Jobert ou Mme de Rayssac). Très tôt, il côtoya donc des artistes qui vont exercer une certaine influence sur son esthétique : d’Indy, Fantin-Latour, Redon.
Chausson hésite devant toutes ces disciplines. Toutefois, pour plaire à sa famille, il passe une licence (1876) puis un doctorat en droit, et devint ensuite avocat à la cour d’appel de Paris. Tout cela l’ennuie cependant, et il ne tarde pas à rejoindre les cours au Conservatoire avec Massenet (classe d’instrumentation,
1879-1881) et César Franck (en auditeur libre seulement). C’est à cette période qu’il découvre Wagner (le Vaisseau Fantôme et la Tétralogie en 1879 ; Tristan en 1880 ; Parsifal en 1882).
Avant, il s’était essayé à composer quelques petites pièces (les Mélodies, le Trio qui tire ses sources du procédé cyclique de Franck). Depuis Wagner, son langage s’affranchit : les Sept Mélodies op.2 et Viviane (poème
symphonique) proposent des mélodies élégantes, un style sobre, des sentiments profonds et sincères (il hérite cela de Massenet), une harmonie plus enrichie et plus hardie et une recherche de nouveauté dans le timbre orchestral.
Enfin compositeur…
Le 20 juin 1883, il épouse Jeanne Escudier et partage désormais sa vie entre sa famille et la musique ; il va se retrouver à animer la Société nationale de musique (1886). En côtoyant le milieu musical de manière plus assidue, il va élaborer un style dramatique propre : Poème
de l’amour et de la mer (1882-1892), la légende de Sainte-Cécile (1891), le Roi Arthur (1886-1895), symphonie en « si » bémol op.20 (1889-1890), Concert op.21 (1889-1891). Ces deux dernières œuvres sont très inspirées par le style franckiste (forme cyclique, modulations multiples, expression lyrique intense).
Soutenu par sa famille, il trouva un réel équilibre, ce qui lui permit également d’effectuer plusieurs voyages, dans les Pyrénées (1893-1894), en Italie (1894-1895), en Suisse (1899), et de recevoir à son domicile l’élite artistique de l’époque (Mallarmé, Tourgeniev, Lalo, Dukas,
Debussy, Albéniz, Cortot). D’ailleurs, la fréquentation des poètes symbolistes et la découverte des artistes russes (Tolsoï, Dostoïevsky, Tourgueniev) encouragèrent son pessimisme latent.
De là naît le cycle des Serres chaudes, sur des poèmes de Maeterlinck (1893-1896), la Chanson perpétuelle sur un texte de Charles Cros (1898), le poème op.25 pour violon et orchestre à l’oraison funèbre ; tant d’œuvres qui évoquent le
post-romantisme dont Chausson commence à se lasser. Sous l’influence de Debussy, il épure son style, tend vers la concision et la clarté tant dans l’architecture formelle que dans le discours musical. Ainsi en est-il de sa musique datant de cette période (1894-1899) : le Quatuor avec piano (1897), Ballata d’après Dante (1896-1897), Quelques Danses, Paysages (1895-1896) et le
Quatuor à cordes, inachevé. Il travaillait à son troisième mouvement lorsqu’il mourut prématurément d’un accident de bicyclette à l’âge de 44 ans.
Debussy & Mme Chausson chez Ernest
Chausson, 1893
Hormis le fait de sa venue tardive à la musique, de sa mort prématuré, Ernest Chausson a composé un nombre d’œuvres relativement important, représentant tous les genres, en seulement 17 années. Chausson est avant tout un intimiste. Formé à l’école de Massenet, Franck, Wagner, Beethoven
et Schumann, il a su très vite se dégager de ces influences pour retrouver les chemins de la musique française initiée par Franck, Saint-Saëns, Dukas ou Debussy, et apparaître comme un acteur / témoin privilégié de la sensibilité musicale de son temps.