Isaac Albéniz (1860 - 1909)

 

Isaac Albéniz est aujourd’hui considéré comme un pionnier dans la renaissance de la musique espagnole au début du XX° siècle. Doté d’un tempérament généreux et d’une inspiration sans limites, il confère à sa musique un caractère andalou mêlé aux influences romantiques de Mendelssohn, Schumann ou Liszt. Il est l’un des premiers compositeurs espagnols, avec Granados, à fonder une musique sur des éléments populaires traditionnels et à ouvrir la voie à ses successeurs dont le plus fidèle représentant n’est autre que Manuel de Falla.

 

Isaac Albéniz nait le 29 mai 1860 à Camprodon en Catalogne. Il est un enfant incroyablement précoce, débutant l’apprentissage du piano à l’âge de trois ans et donne ses premiers récitals devant un public dès l’année suivante. Un tel génie n’est pas sans rappelerle jeune Mozart. Dès lors, il ne vit que pour des concerts, des tournées durant lesquelles il acquiert de la technique, de l’expérience et s’impose comme virtuose et même improvisateur.

Néanmoins en 1872-1873, il fait une fugue qui le conduit aux Etats-Unis et en Amérique du Sud. Sa vie n’est alors pas facile : en 1874, il est même victime d’une crise de fièvre jaune !

Après ces mois de rudes épreuves, Albéniz rentre chez lui et réussit à obtenir une bourse pour suivre l’enseignement de Brassin à Bruxelles. Il semble depuis couler des jours heureux : il rencontre Liszt en 1880, donne de nombreux concerts en Amérique du Sud, à Cuba, en Espagne… Il commence également à composer ses premières œuvres et comme tout bon musicien espagnol, il écrit quelques zarzuelas (1882). Il rencontre sa future femme, l’épouse et se fixe rapidement à Barcelone puis à Madrid (1885).

 

                                   Albéniz et sa femme en 1905

 

Ses premières œuvres sont très influencées par l’académisme et le romantisme de Mendelssohn, Schumann ou Liszt, et portent la marque de l’hispanisme des zarzuelas. Il se dégage néanmoins assez rapidement des méthodes traditionnelles et forge son propre style particulièrement dans sa musique pour piano. Les différentes pièces de la Suite espagnole lui permettent même d’être considéré comme le fondateur de l’école espagnole.

A partir de 1890, Albéniz cherche d’autres horizons. Il s’installe à Londres  pendant trois ans afin d’obtenir un succès dans le domaine de l’opéra. En 1894, il se fixe à Paris et entre dans le cercle fermé des franckistes. Il y rencontre aussi Debussy, Dukas ou Fauré et devient même professeur de piano à la Schola Cantorum.

                           Albéniz reçoit Fauré chez lui.

 

Dans le Paris de cette fin de siècle, il compose quelques succès, tel La Vega et les Chants d’Espagne (1897) qui lui permettent d’être enfin un artiste reconnu. L’Espagne, en revanche, reste insensible. Déçu par cet accueil, il renie son pays natal ; les quatre cahiers d’Iberia font d’ailleurs écho à cette déception. 

Albéniz meurt le 18 mai 1909 à l’âge de 47 ans atteint du mal de Bright.

                                    Albéniz en 1909

 

Hormis quelques zarzuelas, œuvres vocales et quelques pièces pour orchestre, Isaac Albéniz compose surtout pour le piano. Son œuvre est immense, tant écrite qu’improvisée. Malheureusement pour nous, une grande partie de sa production est perdue. Cela est dû au compositeur et à son esprit brouillon, au fond musical transmis d’un éditeur à un autre qu’à une numérotation d’opus chaotique. Quant au catalogue restant en notre possession, il révèle un Albéniz autodidacte, virtuose improvisateur, tantôt imitant les romantiques, tantôt se plongeant dans une écriture typiquement espagnole qui reflète de jolies cartes postales musicales. Sa technique pianistique innovante (doigtés inhabituels, attaque du clavier, position des mains) influence encore aujourd’hui les contemporains comme Messiaen ou Stockhausen.