Introduction à la musique de la Renaissance

 

          Le terme « Renaissance » fut désigné au XVIII° siècle pour glorifier le XVI° siècle d’avoir remis à l’honneur l’Antiquité gréco-romaine. « Renaissance » signifie « nouvelle naissance » de l’homme, car celui-ci est devenu la mesure de toute chose. Il s’intéresse à lui-même. A la découverte de l’homme s’ajoute la découverte de la nature et du monde ; c’est la fin du Moyen-Age.

Ce retour à l’Antique fut opéré par les humanistes des Académies florentine, qui en dépit d’avoir la conviction de vivre une « ère nouvelle », restaient tributaire de l’héritage du Moyen-Age, en premier lieu le christianisme ; ce qui n’était pas sans contradiction.

Le mouvement naît en Italie, mais c’est bientôt toute l’Europe qui va affronter les tendances les plus contraires : d’un côté se dessine une communauté de pensée grâce à la découverte de l’imprimerie et l’exploration de terres nouvelles faisant ainsi circuler idées et savoirs ; de l’autre se profile une Réforme de l’Eglise avec la volonté de réformer le christianisme pour revenir à la pureté des Ecritures et du message évangélique. C’est l’heure de la Réforme protestante dont les grands initiateurs que sont Luther, Calvin, Zwingli et Henri VIII obligent l’Eglise à réaffirmer les dogmes essentiels à la faveur du Concile de Trente.

 

                                               Mino da Fiesole, Vierge à l'enfant (marbre du XVI° siècle)

 

          L’Italie n’est pas seulement le berceau de l’humanisme, elles l’est aussi de la Renaissance artistique. La nouvelle image de l’homme conduit à un nouveau type d’artiste : le génie, qui s’identifie à une force créatrice dans un ordre divin. Sur la période de 1420 à 1580/1600 environ vont naître des chefs-d’œuvre qui deviennent pour les siècles à venir des références incontestées.

Cet art classique est fondé sur la beauté et la symétrie influencées de l’Antiquité, et s’imprègne des sujets religieux puis profane (paysage, portrait). De plus, la diffusion des idées et des grands traités illustrés, le séjour hors d’Italie d’artistes appelés par les souverains, contribuent à la diffusion des modèles italiens dans toute l’Europe.

 

                                                                    Raphaël, Madoe à l'enfant (1505)  

 

          Musicalement, le paysage de la Renaissance est tout aussi contrasté, offrant une musique religieuse plurielle et multilingue, et une diversité de chansons françaises, italiennes, allemandes ou anglaises. L’internationalisation de l’art s’effectue par l’implantation de musiciens étrangers en Italie (le français Josquin, le flamand Willaert, l’espagnol Victoria) ; le plus bel exemple est Roland de Lassus, compositeur franco-flamand et grand voyageur européen qui se fixa à Munich.

Toutefois, les XV° et XVI° siècles sont les siècles de la polyphonie franco-flamande dans laquelle on assiste là aussi à une humanisation de la musique : naissance de la notion d’accord, élaboration de l’harmonie à trois sons, recherche du naturel (la musique doit imiter la nature, la musique vocale imite le texte), apparition du figuralisme… Cet Ars Perfecta se double également de l’émergence de la première littérature instrumentale d’importance pour orgue, se fondant de plus en plus sur l’improvisation et la virtuosité, caractéristiques qui deviendront l’apanage de la musique baroque.

 

                                                                                                                                                                    Suite