Introduction à l'histoire de la musique baroque
Baroque. Ce simple
vocale signifie « bizarre » et caractérise l’emphase et la surcharge
du style ancien. Les changements stylistiques opérés vers 1600 furent fortement
ressentis à l’époque et le passage de la musique de la Renaissance à la musique
Baroque se distingue dans la mesure où le style musical de l’ancienne école
tombe progressivement dans l’oubli, alors que le nouveau style prend la
succession de l’ancien.
Le terme baroque s’applique à un style
particulier dans domine l’histoire de tous les arts entre 1600 et 1750. Le
baroque musical est né avec la monodie accompagnée et l’invention de la basse
continue, opposant le stile moderno au stile antico de la Renaissance. Certains
parlent de cette époque en l’évoquant comme « ère de la basse continue » (Riemann) ou « style concertant » (Handschin).
Selon Sébastien de Brossard, la musique
doit être classée selon divers critères : le stile antico ou moderno,
l’origine nationale, la fonction etc… :
« Stilo.
Veut dire, Stile… En musique, on le dit de la manière que chaque particulier à de composer, ou d’exécuter, ou d’enseigner, et tout cela est fort différent selon le
génie des Auteurs, du Pays et de la Nation, comme aussi selon les matières,
les lieux, les temps, les sujets, les expressions, Etc… De là
viennent diverses Epithètes pôur distinguer tous ces différents caractères,
comme Stile Ancien et Moderne, Stile Italien, François, Allemand, et C. Stile Ecclésiastique, Drammatique, de la Chambre et C. Stile gay, enjoué, fleury ; Stile picquant, pathétique, expressif ; Stile grave, sérieux, majestueux… Stile familier, populaire, bas, rampant… » (Sébastien de Brossard, Dictionnaire, 1703)
Avec
le baroque, la musique a donc été classée selon différents styles, ce qui
montre bien la disparition de l’unité stylistique : musique d’église, musique de
chambre et musique de théâtre. Ces termes classent la musique selon son rôle
social et ne tiennent pas nécessairement compte de la technique
compositionnelle – en effet, on ne peut pas classer la musique d’église dans
une écriture unique, car la frontière entre le profane et le sacré n’est pas encore bien définie. Cela provient
de ce que les occupations spirituelles appartiennent à la vie de tous les
jours, et pourtant, dans la plupart des cas, c’est l’art musical religieux qui
subit l’influence de la musique profane.
Avec Monteverdi va
être fondé un
des aspects fondamentaux de la musique baroque : l’expression du texte par la
musique. Et cette expression passe notamment par la mise en musique des affetti
(des sentiments) qui sont alors classés et ordonnés en “passions”, représentant chacune un état psychique.
La tâche du compositeur consiste à faire
correspondre l’expression de la musique avec celle des mots. Pour cela, il
dispose d’une palette de figures musicales correspondant aux passions
elles-mêmes. L’opéra est d’ailleurs l’un des exemples les plus frappants de la
restitution par la musique de ces passions extrêmes et doit être considéré
comme l’une des plus importantes innovations de la musique.
D’un
point de vue esthétique, le début du XVIIème siècle est une rupture
brutale dans l’histoire de l’art et dans les idées. L’homme du baroque, à la
différence de celui de la Renaissance ne se voit plus uniquement crée à l’image
de Dieu. Il cultive alors le luxe et l’éclat, aime la plénitude et les excès et
étend les frontières de la réalité au moyen d’illusions. L’art baroque est
ostentatoire et très théâtral. C’est un art de l’illusion et du contraste.
Rome, chiesa Sancta Maria Della Vittoria - Le Bernin, extase de Sainte-Thérese (1647)
Le style baroque est né en Italie :
à Rome pour l’architecture, à Venise pour la peinture et la musique. Alors que le style de la Renaissance était international, celui du baroque apparaît comme national. C’est d’ailleurs la musique italienne qui va dominer l’Europe entière et donner naissance à tous les genres vocaux et instrumentaux importants. L’on assiste à l’apparition du solo (qui osera enfin sortir du tutti instrumental et vocal), de pièces libres (avec beaucoup d’improvisations) et
de pièces figées (fugues), de l’opéra, des suites de danses, mais également à des innovations structurelles telles que l’harmonie tonale majeure-mineure, la basse continue, le style concertant, la monodie ou le système métrique moderne.