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La musique vocale profane:

 

          La notion de « concert » est acquise du fil du temps et dans cette Europe pré-romantique se développe les salons. Plus encore que les concerts privés, les salons vont désormais privilégier l’intimité et en particularité la musique de cette intimité. Ce n’est qu’un début en ces dernières années du XVIII° siècle, car cette musique de salon inscrira ses lettres d’or au cours du XIX° siècle.

          En France, les âmes se délectent de cantates, romances ou airs, alors très à la mode. La romance en particulier, pièce pour chant et accompagnement instrumental (piano) de structure indéterminée et dont le caractère est amoureux et sentimental, connu un immense succès. Moncrif est l’un des modèles du genre (les Constantes Amours d’Alix et d’Alexis, 1738) puis Delusse (recueil de romances historiques, tendres et burlesques, 1767), J.J. Rousseau (publication de plusieurs romances dans les Consolations des misères de ma vie, 1781), et Cherubini (romances tirées du roman Estelle, de Florian, 1787) se mettent à cette nouvelle mode.

Toutefois, c’est sous la Révolution et l’Empire que le genre va croître considérablement et évoluer en un air à la mélodie facile que tout le monde pourra chanter sans risquer de la dénaturer. Ainsi, des compositeurs célèbres se lancèrent dans l’aventure : Gossec (l’Amour piqué dans une abeille), Grétry (Le charme de s’entendre), Devienne (Romance de Gonzalve de Cordoue), LeSueur (Lassé de ses galants exploits), Méhul (le retour de l’hirondelle), Kreutzer (les effets de l’absence), Spontini (Viens, ô divine mélodie), Boieldieu (le Ménestrel).

          Au moment même où J.J. Rousseau exige de l’art qu’il soit proche de la nature, l’Allemagne engage le lied sur des voies nouvelles, avec, dans un premier temps, l’école berlinoise. Le chef de file de cette école est le juriste et compositeur Chr.G. Krause (1719-1770), qui prône un retour à la simplicité et au naturel : « rien qu’un lied et non un air d’opéra ». Son idéal est la chanson populaire française, avec une priorité sur la mélodie car l’accompagnement n’est que secondaire.

Les Oden mit Melodien ressemblent des lieder généralement écrits par C.P.E. Bach, Quantz et Graun. Mais deux compositeurs vont sortir du lot, principalement grâce à leur musique sur des poèmes de Goethe. L’idéal de Goethe est le lied strophique, dont « la valeur consiste en l’unité du chant et dans lesquels l’accompagnement instrumental n’est là » qu’en tant que soutien. Ainsi Reinhardt (1752-1814) et Zelter (1758-1832) laissent une œuvre remarquable dans ce domaine, dont le plus bel exemple est le Roi de Thulé, de Zelter, avec une mélodie simple, belle et émouvante.

Parmi d’autres, citons également Hiller (Lieder für Kinder, 1769), et Neefe (12 Klopstockischen Oden, 1766).

Ce n’est que tardivement que le lied se développe à Vienne : le premier recueil n’y est publié qu’en 1778 par Stefan (1726-1797). Le développement de ce genre est ensuite favorisé par celui du singspiel. Mozart a écrit essentiellement une trentaine de lied, dont Das Veilchen (1785), unique composition sur un texte de Goethe, Das lied der Trennung, et l’Abendempfindung (1787) qui préfigurent déjà le jeune Schubert.

Son aîné Haydn a composé plus de 50 lieder à une voix, une vingtaine à plusieurs voix, 50 canons environ et près de 400 arrangements de chansons populaires. En 1797, à Londres, à l’écoute du God save the Queen, il compose Gott erhalte Franz den Kaiser, lied qui reste jusqu’en 1918 l’hymne national autrichien et devient dès 1922 l’hymne national d’Allemagne. La forme achevée du lied classique sera l’œuvre de Beethoven.

                                                                                                                                                                               

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