Biographie de Tomas Luis Victoria (1548 - 1611)
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Tomás
Luis de Victoria – ou Vittoria – est le plus grand polyphoniste qu'ait produit
la péninsule Ibérique. Son œuvre rivalise de majesté, d'expressivité ou
d'inventivité avec ce qu'ont écrit de meilleur Palestrina à Rome, Josquin Des Prés en Flandre, Roland de Lassus à la cour de Munich ou William Byrd en Angleterre. Nourries des principes de la
Contre-Réforme, ses œuvres sont le mélange original d'émotion dramatique et de
profondeur religieuse, conférant à l'art de Victoria une incomparable
spiritualité qui jamais ne lui a été contestée.
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Tomás
Luis de Victoria est né à Ávila en 1548/1550. Il devient très jeune un enfant
de chœur à la cathédrale, et fait partie de la maîtrise de sa ville natale. Suite
à un manque de source officielle, nous ne pouvons remonter avec plus de
certitude les informations concernant son enfance.
En 1565, il part pour Rome où il parfait sa formation musicale et suit
des études de théologie. Son principal maître est le grand Palestrina lui-même
dont l’influence ne sera pas en reste sur le jeune homme : non seulement
celui-ci s’inspirera grandement de son style polyphonique mais il ira jusqu’à
copier son habilement et les manières de son maître. En 1569, Victoria devient
chanteur et organiste à l’église Santa Maria di Montserrato, puis de 1573 à
1578, il occupe le poste de maître de chapelle au Séminaire romain.
En 1572, Palestrina publie son Premier
Livre de Motets, dédié à Jacobus de Kerle, maître de chapelle du cardinal
Otto von Waldbourg – qui joua certainement un rôle dominant dans les études du
jeune Victoria.
En 1575, Victoria reçoit les ordres mineurs et est ordonnée prêtre.
Quatre années plus tard, il entre comme chapelain au service de l’impératrice
Marie, fille de Charles Quint et veuve de Maximilien II d’Autriche. Il assumera
cette fonction durant vingt ans, la cumulant à celle de chapelain de l’église
de San Girolamo della Carità (1578) où il collaborera avec Philippe Néri.
Il se rend à Madrid en 1587
mais retourne très vite à Rome (1592-1594). Il y publie son Deuxième Livre de messes à 4 et 8 voix,
dédié au cardinal Albert d’Autriche, fils de l’impératrice Marie, retirée au
couvent des Déchaussées royales de Madrid. Il reprend d’ailleurs ses fonctions
auprès de cette dernière en 1595 et retourne définitivement à Madrid. A la mort
de sa protectrice en 1603, il écrira pour l’occasion l’Officium defunctorum à six voix.
Officium defunctorum a sei voci (détail)
Les dernières années de la vie de Victoria sont mal connues. Il est toujours
attaché au couvent des Déchaussées royales, en tant que chanteur et simple
organiste. Devenu aveugle, il désira finir son existence en toute humilité et
dans l’anonymat total. A sa mort en 1611, il tomba d’ailleurs très vite dans l’oubli,
tant en Espagne qu’en Italie.
Son œuvre :
L’œuvre de Tomás Luis Victoria est la plus importante de toute la
péninsule ibérique. Fait exceptionnel, il ne laisse aucune œuvre de musique
profane, se consacrant uniquement à la musique religieuse. Son œuvre n’est pas
tant importante sur la quantité – il laisse environ une vingtaine de messes et
quarante motets – mais unique sur le plan musical. Il est d’ailleurs considéré
comme l’égal de Palestrina, son maître, ou Roland de Lassus. Influencé par la
Contre-Réforme, sa musique est difficilement égalable en ce qui concerne l’intensité
du sentiment religieux. Les deux sommets de son œuvre demeurent l’Officium defunctorum et et l’Officium
Hebdomadae Sanctae.
Missa Alma Redemptoris (1600
En entrant exclusivement au service de la liturgie catholique, il
voulait ouvrir la voie avec ses œuvres et
élever l’esprit de son auditoire « jusqu’à
la contemplation des saints mystères ». C’est notamment sur ces
principes qu’il est très proche de son collaborateur Philippe Néri.
Contrairement à d’autres compositeurs, aucun thème profane n’est utilisé dans
ses œuvres, Victoria recourant uniquement au plain-chant grégorien ou à des
thèmes composés par Palestrina, Guerrero ou Morales.
Tomás
Luis Victoria laisse derrière lui une vingtaine de messe, une quarantaine de
motets, 18 magnificats, deux livres d’hymnes, et également une Passion selon Saint Matthieu et une Passion selon Saint Jean.