Josquin Desprez (v.1440 - 1521)
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L’apport de Josquin dans l’univers musical peut être qualifié de sans précédent. Il a su
dépasser les anciennes formes traditionnelles et proposer un langage neuf dans
les rapports entre le texte et la musique atteignant un équilibre parfait entre
le texte et la musique, l’harmonie et la polyphonie, la mélodie et le rythme.
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Josquin Desprez, peinture imaginaire réalisée par Housez (XIX° siècle)
Sans entrer dans une biographie exhaustive, car l’œuvre de Josquin est largement plus connue que sa vie, nous savons que Josquin est né en Picardie (v. 1440) et a été chantre de la collégiale de Saint-Quentin, en France. On ne retrouve sa trace ensuite qu’une fois installé en Italie, où il fut Giscantor à la chapelle
du Dôme de Milan (1459-1472), entra au service du duc Sforza
(1474) puis du cardinal Ascanio Sforza, et fit partie de la chapelle papale (1486-1494).
Il entre également au service du duc Hercule d’Este à Ferrare (1503) où il demeura jusqu’à la mort de ce dernier. Entre temps, il voyagea à travers l’Europe (Milan, Paris, Modène,
Nancy). Il retourna ensuite en France, de nouveau à Saint-Quentin (1509) puis à Condé-sur-l’Escaut (1515) où il resta jusqu’à son dernier souffle (1521). De nombreux points restent encore dans l’ombre, notamment sur son éducation. Néanmoins, si son œuvre fut aussi connue de son vivant, c’est parce que Josquin est le premier compositeur à bénéficier des nouvelles technologiques (l’imprimerie), et le premier à voir des volumes imprimés
entièrement consacrés à ses compositions.
Attaignant, imprimerie musicale
A cette époque, Josquin était déjà considéré comme un grand maître, ses œuvres étant même citées dans des ouvrages des théoriciens de l’époque (Glaréan, Luther, Lampadius…). Beaucoup servirent également de modèles ou furent transcrites pour luth, et se répandirent
dans un premier temps par la tradition manuscrite puis par
l’imprimerie musicale qui lui assura alors une vaste diffusion à l’échelle européenne. Petrucci imprima trois volumes de messe (1502, 1505,1514), Susato (1545), Attaignant (1549), LeRoy et Ballard (1555) s’occupèrent des chansons. Au total, de son vivant, furent publiés près de vingt messes, cinq credo, deux sanctus, une centaine de motets, soixante-dix chansons.
Musicalement, Josquin poursuit la tradition franco-flamande dans la lignée de Dufay et fait usage de diverses techniques dans tous les types de messes : messes sur cantus firmus (l’Homme
armé), messe parodie (Malheur me bat, Mater Patris), utilisation abondante du canon, de l’imitation (Hercules Dux Ferrarie, Pange Lingua).
Josquin, Kyrie
de la Missa beata virgine
Il aura recours aux mêmes procédés dans ses motets, qui sont de qualités supérieures car il prit ce genre d’affection pour expérimenter davantage ses recherches. Par exemple, il use de l’isorythmie, divise le « quatuor vocal » en deux (soprano/tenor, alto/basse) et cherche surtout le meilleur moyen de mettre en
valeur le texte en usant de divers procédés figuratifs.
Qu’il s’agisse de son œuvre religieuse ou de son œuvre profane, Josquin s’affranchit de toute contrainte et apparaît comme l’héritier du contrepoint digne d’Ockeghem, Obrecht ou Busnois ; il a
su acquérir
par là-même un sens du verticaliste rarement inégalé. Comme le faisait remarquer Luther : « Josquin est le maître des notes, elles se plient à ses ordres tandis que les autres restent sous leur dictée ».