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Joseph Haydn (1732 - 1809)

 

Né durant l’ère baroque, encore vivant aux débuts du Romantisme, Joseph Haydn est un musicien classique qui a joué un rôle fondamental dans la formation du style classique. Son œuvre est immense e son originalité l’a poussé à instaurer les formes musicales de la symphonie, de la sonate et du quatuor à cordes. De son vivant, il est considéré comme une figure musicale internationale, faisant partie de la Trinité viennoise aux côtés de Mozart et Beethoven et est perçu par ses élèves comme un « Papa » musical !

 

La musique à travers le chant :

                                     Joseph Haydn, peint par Thomas Hardy (1792)

Le 1er avril 1732 naît Franciscus Josephus Haiden, à Rohrau, un petit bourg autrichien non loin de la frontière hongroise. Son père, Mathias Haydn, maître charron et juge cantonal, et sa mère Anna-Maria Koller lui donnèrent cinq frères et sœurs, dont Johann-Michael (1737-1806) qui sera le second compositeur de la famille. Tous les membres se réunissaient chaque soir pour des concerts familiaux, qui furent sans doute à l’origine de la vocation de Joseph Haydn.

Dès 1740, le jeune Joseph commença à gagner sa vie au moyen de la musique, grâce à sa voix, en étant recruté dans une petite maîtrise que dirigeait un parent lointain de Mathias. Un petit orchestre complétait cette formation musicale et Joseph put alors sa familiariser avec tous les instruments usités et s’initier à plusieurs d’entre eux.

Deux ans plus tard, Reutter enrôla l’enfant dans la maîtrise de la cathédrale de Vienne. Joseph y suivit un enseignement religieux, apprit le latin, l’écriture, le calcul en plus de l’enseignement musical qui négligeait la théorie au profit de la pratique. Mais l’enfant souhaitait écrire de la musique et put s’essayer à quelques petites pièces grâce à des conseils attrapés à droite et à gauche.

C’est donc sans véritable éducation musicale que se poursuit l’enfance de Haydn. Toutefois, cette situation stable ne dura jusqu’à ses 18 ans, atteint de mue. En 1749, Haydn se retrouve chassé de la maîtrise et se retrouva dehors, sans un sou, à Vienne. Le hasard lui fit rencontrer le ténor Spangler qui l’hébergea chez lui quelques temps.

                                     Chambre d'enfant de Haydn

 

Pour gagner sa vie, Haydn s’acquitte de toutes les besognes musicales fastidieuses : arrangements, compositions légères, leçons de clavecin et d’accompagnement. C’est d’ailleurs de cette époque que datent les Cassations, les Nocturnes et Divertissements ; pièces de jeunesse qui aujourd’hui n’ont pas toutes été éditées.

« Je fis la connaissance du fameux chef d’orchestre Porpora, dont les leçons étaient avidement recherchées et qui sans doute à cause de son âge, cherchait un jeune aide qu’il trouva en ma personne ». Grâce à Porpora, il apprendra beaucoup, aura pléthore de contacts et en 1751 compose sa première œuvre scénique : Der neue Krumme Teufel, aujourd’hui perdue, ainsi que quelques pièces de musique de chambre aujourd’hui perdus eux aussi.

Par l’intermédiaire de Métastase, il devint en 1753 élève-factotum du compositeur Porpora, puis travailla quelques temps pour la cour (1754-1756). Tout en continuant sa formation en autodidacte, sur des méthodes de Fux ou Wagenseil, il compose en 1757 ses premiers quatuors à cordes chez le baron Karl Joseph von Fürnberg. En 1758-1759, sur la recommandation de ce dernier, il fut engagé comme Directeur de la musique du Comte Morzin, mais au bout de quelques mois fut congédié faute de  budget. Heureusement pour lui, le prince Paul-Antoine Esterhazy, le plus riche seigneur de Hongrie, cherchait un musicien pour seconder son maître de chapelle Werner. Par un contrat draconien signé le 1er mai 1761, il devint ainsi Vizekapellmeister. Durant cinq années, il va résider à Eisenstadt, composant sur commande, jouissant d’une situation privilégiée et d’une certaine aisance. En revanche, cette condition le tenait assez isolé des milieux musicaux de Vienne, ses contacts résidant principalement par les caprices de son maître quand il venait à se déplacer.

 

                                        Chateau d'Esterhazy (à l''époque de Haydn)

 

Cependant, il en reconnaissait l’avantage : « A la tête d’un orchestre, je pouvais faire des expériences, j’étais libre de changer, d’améliorer, d’ajouter ou de supprimer, de me livrer à toutes les audaces. Coupé du monde, je n’avais personne pour m’importuner, et fus forcé de devenir original ».

Symphonies et quatuors : ce sont les deux genres pour lesquels Haydn va beaucoup écrire jusqu’en 1772. Parmi les autres pièces : deux opéras-bouffe la Canterina (1767) et Lo Speciale (1768), un opéra La Pescatrice, la cantate Applausus et un Salve Regina (1771). En 1773, Haydn ajoute une fonction supplémentaire à la Cour : celle d’organiste de la Chapelle du Château.

           

Au cours de 1774-1775, Haydn écrit son premier oratorio, Il ritorno di Tobia qui obtint un vif succès : « le célèbre maître de chapelle Haydn a, grâce à un oratorio mis en musique par lui, intitulé le Retour de Tobie, obtenu un succès général… Souvent les chœurs brillaient d’un éclat dont seul Haendel avait jusqu’à maintenant été capable ».

Les années passent et Haydn compose. Sur commande ou pour lui. A cette époque, personne ne voit la différence : un compositeur doit composer les circonstances importent peu, cela revient au même. Ainsi, la Vera Costanza (1776, représenté en 1779), Il mondo della luna (1777), deux  opéras. Durant ces dernières années, Haydn ne compose presque plus directement pour son prince mais pour « l’extérieur » ; Vienne, Paris et Londres. A son insu, Haydn avait développé une renommée européenne. En 1781, à Paris, Le Gros, directeur des concerts spirituels entre en contact avec lui.

« On a exécuté à tous les concerts des symphonies de M. Haydn. Chaque jour on sent mieux, et par conséquent on admire davantage, les productions de ce vaste génie qui, dans chacun de ses morceaux, sait si bien, d’un sujet unique, tirer les développements si riches et si variés, bien différent de ces compositeurs stériles, qui passent continuellement d’une idée à l’autre, faute d’en savoir présenter une sous des formes variées, et entassent mécaniquement des effets, sans liaison et sans goût. Les Symphonies de M. Haydn, toujours sûres de leurs effets, en produiraient encore davantage, si la salle était plus sonore, et si sa forme étroite avait permis au Directeur de ce Concert d’en disposer l’orchestre plus avantageusement. On a exécuté aussi quelques symphonies de M. Guénin, et c’est pour elles un assez bel éloge que de dire qu’elles ont été applaudies à côté de celles de ce grand Maître. »

Toujours en 1781, il fonde des relations avec William Forster, un célèbre luthier anglais devenu grand éditeur, se trouve donc honoré à Londres puis en Espagne, pays traditionnellement fermée aux influences extérieures. C’est à cette époque qu’il lui fut commandé, par un chanoine de Cadix, une musique symphonique illustrant les dernières paroles du Christ. Haydn, peu motivé par cette tâche, composera cette œuvre en 1785.

En 1781 virent le jour les XII Lieder für das Clavier, les Quatuors op.33 appelés plus communément les « Quatuors russes », la symphonie « La Chasse » et la Messe de Sainte-Cécile.

Durant toute cette première période créatrice, Haydn se concentre sur deux laboratoires : le quatuor et la symphonie, s’efforçant d’inclure les enseignements du théâtre dans les normes musicales.

 

                     Joseph Haydn conduisant un quatuor à cordes (Anonyme, 1790)

 

Une vue sur le monde :

Haydn a cinquante ans. Sa célébrité s’étend dans toute l’Europe, les éditeurs se disputent ses œuvres, les interprètes se bousculent pour les interpréter, les théâtres montent ses opéras avec succès. Néanmoins, il continue sa routine de fonctionnaire, dont la monotonie lui pèse chaque jour davantage, et demeure isolé de la capitale et de ses confrères.

Les années se suivent et Haydn compose sans relâche : Orlando Paladino, la Mariazellen-Messe « fatta per il Signor Liebe de Kreutzer » (1782), Armide, un Concerto pour piano en ré majeur et douze nouveaux lieder.

En 1785, il s’affilie à la franc-maçonnerie, ordre très florissant à cette époque qui comptait Mozart parmi ses membres. C’est d’ailleurs au cours de cette année que les deux musiciens se rencontrent : « Samedi soir, M. Joseph Haydn les deux Barons Tindi sont venus chez nous… Monsieur Haydn m’a dit : je vous dis devant Dieu et en honnête homme que votre fils est le plus grand compositeur dont je connaisse le nom et la personne, il a du goût et, en plus, la plus grande science musicale ». De cette rencontre sont nées une admiration et une amitié réciproque ; en 1785 Mozart dédie six quatuors à Haydn.

Durant les années suivantes, Haydn écrit six symphonies de « la loge olympique », la Symphonie avec jouets d’enfants, l’Oxford Symphonie, les Quatuors op.54, les Quatuors op.55 ».

Certes, il continue son laboratoire musical, mais l’isolement l’atteint de plus en plus : « Une fois de plus je suis forcé de rester ici. Votre Grâce imagine facilement tout ce qui me manque. Il est triste de toujours devoir être esclave, mais sans doute la Providence l’a-t-elle voulu ainsi. Je suis un pauvre diable ! Toujours harassé de travail, peu de loisirs et quant aux amis ? » (Lettre de Haydn à Marianne von Genzinger, 1789-1790). Le décès de Nicolas le Magnifique le 28 septembre 1790 débloqua enfin la situation. Son fils et successeur n’aimant pas la musique, conserva à Haydn son titre et sa pension, sans rien lui demander de précis. Haydn est libre.

Il s’installe chez un ami et très vite il accepte la proposition de diriger plusieurs concerts à Londres, dont chacun devait comporter une première audition d’une œuvre de lui. De plus, il devait composer un opéra et six symphonies, le premier pour le compte de l’impresario Gallini, les secondes pour les concerts Salomon. Le 29 décembre 1790, le Morning Chronicle annonçait la venue de Haydn à Londres.

Une fois arrivé, Haydn dirige et compose. En patientant pour l’Orfeo – l’opéra qu’il devait écrire – plusieurs pièces de lui sont programmées : une cantate, des symphonies et un Catch italien à sept voix. L’Orfeo ne fut achevé qu’au cours de l’été 1791 mais ne sera jamais représenté. Après trente ans de solitude, Haydn connait un triomphe artistique, allant de réception en réception, s’enthousiasme du public enjoué et bruyant.

L’Université d’Oxford va aussi l’honorer d’une grande distinction en lui décernant le titre de docteur « Honoris Causa », il est reçu par la famille royale, la presse tient des comptes-rendus de tous ses concerts… Cependant, Haydn menait à Londres une vie harassante. Fatigué, il part fin juin 1792 et retourne à Vienne le 24 juillet. Il y retrouva ses amis. L’un d’entre eux lui proposa de donner des leçons à un jeune garçon, Ludwig von Beethoven. Contrairement aux rumeurs, Haydn s’intéressa beaucoup au jeune Beethoven, lui prodiguant des leçons pendant un an, même s’il négligeait de temps à autre les exercices de contrepoint. En 1793, Haydn projette un nouveau voyage en Angleterre, avec les mêmes conditions et avantages que le premier séjour.

A son retour en Autriche (1795), Haydn est considéré comme le plus grand compositeur vivant. Il trouve à nouveau la protection d’un nouveau prince Esterhazy, Nicolas II qui avait décidé de reconstituer la chapelle de son grand-père Nicolas le Magnifique. Il reprit donc ses obligations, avec plus de légèreté ; le prince ne lui demandait qu’une seule Messe par an, pour la fête de son épouse, la princesse Maria Hermenegild. Pour le reste, Haydn composait selon ses propres envies : les derniers quatuors à cordes, l’hymne autrichien et surtout deux oratorios, la Création (1798) et les Saisons (1801).

 

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                                                                                                          Chateau d'Esterhazy, salle Haydn

 

Dernières années :

« Haydn a l’intention de se rendre l’été prochain en Allemagne du Nord et d’y diriger lui-même dans les endroits les plus importants ses Saisons, dont la composition touche à sa fin » (Allgemeine Musikzeitung, 4 février 1801). Haydn a consacré ses dernières forces, durant ces dernières années, à la composition de cette œuvre. Les Saisons devinrent vite très populaires et des éditions d’airs séparés en facilitèrent la diffusion.

Haydn est désormais âgé de soixante-dix ans. Sa vitalité est étonnante et comme il ne manquait pas de travail avec son emploi de compositeur et de maître de chapelle, on lui adjoint enfin un Vizekapellmeister en la personne de Johann Fuchs.

Il entame ses derniers travaux mais ses forces l’abandonnant peu à peu et certaines œuvres restent inachevées (Quatuor op.83, 1803). Les honneurs lui sont rendus publiquement à plusieurs occasions, quand il se voit nommé membre de l’Institut de France (1801) ou citoyen d’honneur de la ville de Vienne (1804).

En 1805, de nouveau la rumeur de sa mort circule, à Paris, Londres et même Vienne. Tous les musiciens se pressent pour lui rendre hommage : à Paris Cherubini écrit une cantate funèbre, Kreutzer compose un concerto pour violon sur des thèmes de Haydn et les Concerts de la Loge olympique se chargèrent d’organiser ce concert. Le dément n’arriva que peu de temps avec ce concert et Haydn en fut très touché lorsqu’il l’apprit : « les braves gens ! Je leur suis vraiment reconnaissant de cet honneur dont je ne me doutais pas ! Quelle fête pour moi si j’avais pu faire le voyage et diriger en personne la messe ! »

L’année suivante, Haydn devient de plus en plus faible, à un point tel que le piano Erard, offert par les célèbres facteurs, dut être transporté dans sa chambre. Son esprit restait néanmoins lucide : « Mon domaine est sans limites : ce qui peut encore être fait en musique est beaucoup plus grand que ce qu’on a déjà fait (…) Souvent il me vient à l’esprit des idées auxquelles son art pourrait être porté beaucoup plus loin, mais que ses forces physiques ne lui permettaient plus de les accomplir ».

 

1807 se passe sans incidents ni événements importants, mis à part sa nomination comme membre de la Société académique des enfants d’Apollon de Paris. L’année suivante, Haydn est en fauteuil roulant et continue quand même de diriger ses œuvres malgré cet « inconfort ».

1809 : le début de l’année est calme, mais au printemps « la faiblesse physique augmenta ; cependant Haydn jouait chaque jour son hymne impérial. Le 25 mai, il le jouait encore trois fois de suite avec une expression dont il s’étonnait lui-même. Dans la soirée, des maux de tête l’assaillirent, accompagnés de frissons ; on le porta au lit de bonne heure et on appela les médecins. Leur aide fut inutile : le malade tomba dans un état de débilité extrême et d’engourdissement douloureux. Quelques minutes avant sa fin, qui eut lieu le 31 mai vers une heure du matin, il donna encore quelques signes de conscience et de sensation. » (Griesinger)

 

Une œuvre :

Haydn a été un grand musicien, reconnu internationalement de son vivant. Ce ne fut qu’après sa mort que sa musique fut considérée comme inférieure à celle de Mozart et précurstrice de celle de Beethoven. Certes, il est un grande partie autodidacte et son isolement à la cour des Esterhazy lui a permit de cultiver son originalité et d’expérimenter de nombreuses innovations dans la musique instrumentale.

Souvent, on dit qu’il est le « Père de la symphonie ». Il n’a pas crée le genre mais au cours de ses 108 symphonies, il en a dessiné un schéma musical fixe (une forme théâtrale en quatre mouvements).

Il en va de même pour la Sonate, qui passe alors de simple divertimento à une œuvre sérieuse de même structure qu’un concerto, avec un plus un imposant mouvement lent.

Le principal apport de Haydn demeure le quatuor à cordes. Si auparavant des œuvres orchestrales étaient jouées par quatre instrumentistes ou d’autres écrites pour cette formation, étaient accompagnées d’un continuo, le quatuor à cordes devint avec Haydn un nouveau genre où tous les instruments étaient égaux et indépendants.

Devant ces innovations musicales, il devient évident que nombre d’entre elles sont liées à son œuvre. En cela il influença Mozart et forma Beethoven qui devint son continuateur, toute une génération de musiciens et marqua l’histoire de la musique pour les cent cinquante prochaines années.

 

                                                                                                                                                                                          

  
 

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