L’enfant prodige :
Anna-Maria Mozart Leopold Mozart
Dimanche 27 janvier 1756 (Salzbourg) : naissance de Wolfgang
Mozart, le septième enfant de Léopold Mozart et de Anna-Maria Pertl. Selon la
tradition, le nourrisson est baptisé le lendemain matin à l’église collégiale
Saint-Pierre, sous les prénoms Johannes-Chrysostomus-Wolfgang-Théophilus.
Theophilus a pour traduction allemande Gottlieb, et Amadeo pour le familier
italien.
Léopold Mozart est musicien, compositeur et pédagogue. En 1757, il est
nommé compositeur de la cour, s’occupe de l’éducation musicale de ses enfants
et continue à fournir une production musicale abondante. En 1759, il commence à
apprendre le clavecin à sa fille Nannerl. Mozart a trois ans. La musique
l’attire déjà. En 1761, Léopold entreprend sérieusement l’éducation musicale de
son fils, si bien qu’à la fin de l’année il fait sa première apparition
publique en chantant dans un choral.
1762 : les premiers rudiments du clavecin sont révolus pour
Nannerl et Wolfgang. Le père songe alors à les produire devant un vaste public.
Un premier voyage est organisé à Munich où les deux prodiges sont entendus par
le prince-électeur.
1762 : premières compositions de Wolfgang. Un Menuet K.2
(janvier), un Allegro pour le clavecin K.3 (4 mars), un Menuet K.4 (11 mai), un
autre Menuet K.6 (le 16 juillet). Le jeune Mozart en est l’auteur certes, mais
c’est l’écriture de Léopold que l’on retrouve transcrite sur l’album de
clavecin de Nannerl, l’enfant ne sachant pas en écrire. Il apprendra à compter
et à écrire au cours de cette même année.
Fait surprenant : Wolfgang ne va pas à l’école, et n’ira jamais.
Son père est son unique professeur.
Le 18 septembre 1762, toute la famille Mozart se met en route pour
Vienne, le premier grand voyage de deux prodiges. Le 6 octobre, ils arrivent
dans la capitale. La veille, avait lieu la première représentation d’Orphée, de
Gluck. L’annonce de la présence s’est très vite répandue, et les jeunes enfants
se font entendre et acclamer par de nombreuses familles. La consécration arrive
le 13 octobre, devant l’impératrice Marie-Thérèse.
Grâce à ce voyage de trois mois, la réputation de Nannerl et son frère
est désormais établie.
Wolfgang,
Nannrel et Leopold (par G. Nepomeceno della Groce, 1780-1781)
La famille Mozart est de retour à Salzbourg le 5 janvier 1763. Léopold
est nommé vice-kappelmeister, et se lie d’amitié avec Michaël Haydn, le frère
de Joseph Haydn, qui deviendra quelques années plus tard un ami de Wolfgang. En
février prend fin la Guerre de Sept Ans qui avait commencé l’année de la
naissance de Wolfgang ; Léopold ébauche alors de nouveaux projets de
voyage.
C’est probablement au cours de cet hiver 1763 que Mozart écrit son premier
manuscrit autographe, un Menuet K.1.
Le 9 juin 1763, Léopold, Anna-Maria, Nannerl et Wolfgang s’embarquent
pour un voyage qui va durer trois années, à la conquête de la France et de
l’Angleterre, plus exactement aux Cours de Versailles et de Londres.
Wolfgang Amadeus Mozart, par Greuze (1763-1764)
Avant d’arriver à Paris, ils établissent un parcours, une sorte de
tournée, qu’ils suivent ou modifient selon leurs envies. Car il ne faut pas
oublier qu’ils ne son attendus nulle part et que, donc, ils ressemblent
davantage à des musiciens itinérants s’arrêtant lorsqu’ils croient disposer
d’un public bienveillant. Telle était la condition des artistes musiciens à
cette époque quand ils ne jouissaient d’une réputation immense ou d’une
activité stable et sédentaire. C’est contre ce statut misérable que va s’élever
Mozart, dix-huit ans plus tard.
En octobre, arrivée à Bruxelles. Wolfgang n’a rien composé depuis
Salzbourg et profite de cette longue étape pour écrire une Sonate en ut pour le
clavecin (transformée en Sonate pour clavecin et violon K.6).
Début décembre, la petite famille foule enfin Paris et se familiarise
très vite avec les milieux musiciens parisiens. A la fin du mois, ils seront
reçus à Versailles. Ce séjour à Paris va être très bénéfique au jeune Wolfgang
qui se trouve projeté dans l’effervescence de la vie musicale. De fructueuses
rencontres telle celle Schobert vont avoir une influence directe sur ses
compositions contemporaines ; fin février il est à même de présenter un
recueil de Sonates à Madame Victoire, la fille de Louis XV. Le 10 avril, les
Mozart quittent la capitale française pour l’Angleterre, et y séjourneront
pendant seize mois ; moins d’une semaine après leur arrivée, ils sont
reçus à la cour.
Ce séjour marquera à vie le jeune compositeur : Haendel n’est
mort que depuis cinq ans et est très honoré, et Jean-Chrétien Bach, le fils de
Jean-Sébastien Bach, va devenir un ami, un conseiller et un guide durant tout
son séjour, l’ouvrant sur de nouveaux horizons musicaux que représentent
l’opéra italien et le style galant. Cette influence est telle que Wolfgang, âgé
de huit ans, veut écrire un opéra.
Durant ce séjour, il va aussi s’essayer à composer pour de nouvelles
formes : ainsi écrit-il sa première symphonie et quelques-unes des Sonates
pour clavecin et violon offertes à la Reine en janvier 1765.
Le 1er août 1765, l’heure est au départ, direction La Haye
puis Paris à nouveau puis s’attardant dans diverses villes allemandes avant de
retrouver Salzbourg le 30 novembre 1766.
Wolfgang par Thaddaus Helbling
Mozart est maintenant âgé de onze ans et appréhende avec sérieux ses
études musicales en se concentrant essentiellement sur la musique allemande de
C.P.E. Bach, Hasse, Haendel ou Eberlin. Déjà, il reçoit plusieurs commandes de
la Cour et se mesure avec des compositeurs reconnus. Mais Léopold ne tient en
place et toute la famille voyage alors jusqu’à Vienne. La dernière fois que
Mozart y est venu, il n’avait que six ans et suscitait l’admiration en tant que
jeune prodige. Vienne a changé : Joseph II co-règne avec Marie-Thérèse et
gagne en austérité et rigueur. De plus, Mozart a douze ans désormais et ne fait
l’illusion de ses talents de virtuoses – le temps des grands interprètes n’est
pas encore venu à Vienne. Gluck poursuit son ascension magistrale, Haydn
commence à briller singulièrement ; un jeune musicien de douze ans ne
pouvait que difficilement trouver sa place. Léopold obtient alors la création
d’un opéra composé par Wolfgang, mais en juillet 1768, l’œuvre « La finta
Semplice » n’est toujours pas représentée ; Léopold avoue alors sa
défaite et Wolfgang assume son premier échec social.
Toutefois, il reçut une autre commande, pour un opéra, à la demande de
Anton Mesmer qui souhaitait monter un petit spectacle dans son jardin à
Vienne : Bastien et Bastienne aura lieu le 1er octobre 1768, dans la plus
simple intimité. A cela s’ensuit une nouvelle commande pour une Messe pour
l’inauguration d’une nouvelle chapelle (décembre 1768).
En passant une année entière à Vienne, Wolfgang a considérablement
enrichi son expérience musicale : il put entendre les œuvres de Gluck et
Piccini – qui s’affronteront dans une lutte passionnée dix ans plus tard – et
se familiariser avec le nouveau courant symphonique viennois illustré par Joseph
Haydn, Ditters, Vanhal…
Le 5 janvier 1769, le quatuor Mozart est de retour à Salzbourg et
Wolfgang, âgé de treize ans, s’affirme comme compositeur aux yeux des
salzbourgeois et se trouve au centre de la vie musicale. Mais encore une fois,
Léopold envisage très vite un nouveau voyage ayant pour destination l’Italie.