Accueil
Compositeurs
Hist. de la musique
Analyse
Liens
Partenaires
Contact

De Falla : Quatre pièces espagnoles

  

Manuel de Falla, l’un des plus importants représentants de l’école espagnole, est également un brillant pianiste. Ses compositions, imprégnées de folklorisme et de post-romantisme, porteront la marque française lors de son séjour à Paris (1907/1914), en particulier les empreintes amicales de Debussy, Dukas et Ravel.

Falla a beaucoup écrit, mais sa production pianistique est peu abondante en regard de ses zarzuela et œuvres pour orchestre. Quatre Pièces espagnoles, la Fantasia Baetica (fantaisie bétique), une série d’Hommages et autres petites pièces de jeunesse sont tout ce qui compose son répertoire pour piano. Dans ces œuvres, Falla exprime son souci de la forme et de l’expression qui n’exclut aucunement les éléments virtuoses et se montre surtout à la recherche de son propre langage en voulant concilier les nouvelles acquisitions françaises et les traditions folkloriques espagnoles.

 

Falla arrive en France durant l’année 1907 avec dans ses bagages l’esquisse des Quatre Pièces espagnoles. Elles seront achevées au cours de l’année suivante et créées en novembre par le célèbre pianiste Ricardo Vines à la Société Nationale de Musique – c’est ce même interprète, espagnol tout comme lui et avec lequel il se lia d’amitié peu de temps après son arrivée, qui sera à l’origine de ses fameuses Nuits dans les jardins d’Espagne.

En  1908, Falla est un jeune compositeur qui assimile davantage le langage musical environnant qu’il ne montre sa véritable personnalité, et ces Quatre Pièces retracent plus l’influence d’Albéniz, leur dédicataire.

Car en arrivant dans ce nouveau pays, Falla se lia d’amitié avec la nouvelle France musicale du moment mais également avec les artistes espagnols résidant à Paris à cette époque. Ce n’est donc pas un hasard s’il fait la rencontre de Ricardo Vines et d’Albéniz et que ceux-ci vont fortement influencer le jeune artiste qu’il est dans sa démarche compositionnelle.

 

      Delacroix, estampe (femme espagnole)

 

La première pièce, Aragonesa, tire son influence d’une danse espagnole d’origine aragonaise, « la jota », qui donne au morceau cette rythmique ternaire si particulière et une entraînante vitalité. On retrouve un charme presque similaire dans Cubana, qui, comme son titre l’indique, tire ses sources d’une chanson populaire cubaine.

En revanche, si les deux premières pièces ont des caractéristiques rythmiques bien déterminées, Montanesa semble être marquée davantage par une touchante nostalgie et les influences impressionnistes de ses amis. La dernière pièce, Andaluza, révèle un Falla audacieux dans ses choix harmoniques (utilisation de la gamme andalouse), et sa virtuosité éclatante et réservé tant ce morceau sonne comme une plainte déchirante.

 

Coupé de son pays natal, de ses origines, du folklore espagnol et de ses repères, Manuel de Falla se sent nostalgique. S’il intègre des éléments d’un langage nouveau, il ne peut se répartir de son style premier qui semble encore le hanter à travers ces Quatre Pièces. Mais surtout, c’est à partir de ce moment que Falla forge son langage musical et que dès lors innovations musicales et folklorisme espagnol ne pourront que se côtoyer.

En entendant ces Pièces, ses amis français proposèrent aussitôt à l’éditeur Durand de les publier, ce qu’il fit. Les Pièces espagnoles sont une œuvre remarquable, malheureusement, elles sont peu à peu tombées dans l’oubli, ne figurant que rarement au répertoire pianistique et surtout elles demeurent méconnues du grand public alors qu’elles sont un élément incontournable du répertoire pianistique du XX° siècle mais aussi de l’histoire de la musique moderne.

                                                                                                                                                                                                                               

 

                                        ©ars-classical - Toute reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur