Biographie de Hans Léo Hassler (1564 - 1612)
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Issue
de la tradition franco-flamande de Lassus, Hassler occupe une place de choix
dans l’histoire de la musique allemande. Il fut le premier grand musicien allemand
à se former en Italie, devenant ainsi un précurseur de l'art vocal allemand. Sa
musique avant-gardiste fit de lui un représentant caractéristique des
évolutions musicales de la fin de la Renaissance et un des maillons forts de la
chaîne qui relie les musiciens de la Renaissance au style Baroque.
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Hans
Leo Hassler est né le 26 octobre 1564 à Nuremberg en Allemagne. La famille
est très tôt initiée à la musique par le père, Isaac Hassler, un organiste
virtuose – ses deux frères furent également tous deux musiciens. Lors de ces
années d’apprentissage à Nuremberg, Hans Leo fut formé à la musique protestante
liée au choral et marquée par la tradition franco-flamande de Lassus. Il a
probablement fréquenté Leonhard Lechner, cantor de l’église Saint-Laurent
(1575-1585), qui l’aurait initié au madrigal italien.
Comme
beaucoup de ses contemporains, il se rend à Venise en 1584 et approfondit ses
connaissances sur la musique italienne auprès d'Andrea Gabrieli tout en se
liant d'amitié avec son neveu Giovanni Gabrieli, futur maître de Heinrich
Schütz. De ce fait, il devient le premier compositeur allemand à avoir fait ses
études musicales en Italie.
De
retour en Allemagne, il obtient, grâce à ses études, la place d'organiste de la
cathédrale d'Augsbourg chez le comte Fugger (1586), dans le Sud-Ouest de la
Bavière. A Augsbourg, il devient le musicien le plus en vue de l’époque après
le décès de Lassus.
En
1595, il est anobli avec ses frères – statut prestigieux notamment dû à son
activité de compositeur auprès des Frugger mais aussi à sa réputation de virtuose
du clavier et d’expert en facture d’orgue. C’est d’ailleurs par cette activité
qu’il rencontre Michael Praetorius (1596).
A
partir de 1601, il retourne à Nuremberg pour y devenir Director musices de la ville et occuper le
poste de musicien de l’empereur Rodolphe II. En 1604, son mariage avec une
fille de la ville d’Ulm lui fit même accéder à la classe bourgeoise (1607). Les
dernières années de sa vie, il les passe à Dresde (1608), répondant à la
volonté du Prince-électeur de Saxe Christian II (1608). Malgré sa maladie
incurable (il contracta la tuberculose), il atteint les sommets de sa gloire en
élaborant les plans d’orgues prestigieux et accomplissant les fonctions de
maître de chapelle de la cour. Il meurt à Francfort sur le Main le 8 juin 1612
au cours d'un voyage entrepris avec ses musiciens pour assister au couronnement
de l'empereur Matthias.
Sa musique :
Hassler
est un fer de lance de l'art vocal allemand. Si œuvre vocale est immense et est
à l’image de Hassler en embrassant tous les genres profanes et sacrés. Disciple
des Gabrieli et de l'école polychorale vénitienne, il insère ces nouvelles
pratiques dans ses premières œuvres et œuvre volontiers pour le chant solo
accompagné et l'écriture homophonique. Il donne également à sa musique davantage
de style harmonique et développe le nouveau style polyphonique en vigueur.
Son
œuvre est relativement bien diffusée de son vivant, tant sous forme manuscrite
qu’imprimée. Les nombreuses adaptations instrumentales que l’on a retrouvées
prouvent d’ailleurs l’importance de cette œuvre.
Ses
madrigaux et ses canzonettes, ainsi que ses ouvrages à deux chœurs évoquent tour
à tour les Gabrieli. Il laisse derrière lui une grande œuvre de musique
religieuse, dont une centaine de motets (Cantiones
Sacrae et Sacri Contentus), huit
messes (Missa Octavi Toni à huit
voix), deux recueils de chorals et des pièces d'orgue. Mais on lui doit également
le Jardin d'agrément des nouveaux chants
allemands (Lustgarten neuer teutscher
Gesäng, 1601), vaste recueil groupant lieder polyphoniques, monodies accompagnées
et pages instrumentales. Mais surtout, il est difficile d’oublier qu’il est l’auteur
d’une chanson allemande qui a donné naissance au choral le plus universel de la
Réforme puisqu’il a été repris par l’ensemble des religions chrétiennes : Mein Gmütz ist mir verwirret, Das macht ein
Jungfrau zart.
Son
œuvre instrumentale est également remarquable. Outre les pièces instrumentales
diverses regroupées dans diverses anthologies, Hassler est un maître incontesté
du clavier, faisant jaillir de partout son talent irrévocable de
contrapuntiste. L’immensité de cette œuvre pour clavier n’est d’ailleurs
toujours pas reconnue à sa juste valeur.