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Henry Du Mont (1610 - 1684)

 

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Henry Du Mont est l’une des figures importantes de la vie musicale de la Chapelle du Roi. Aujourd’hui tombé dans l’oubli, ce musicien laissa une empreinte indéniable, tant par se charges à la Cour de Louis XIV, que par ses activités de compositeur, claveciniste, organiste et d’enseignant. Il est notamment le principal créateur du genre du grand motet, une nouvelle figure musicale très en vogue à la cour du Roi aux côtés de la Tragédie Lyrique, dans les années 1660/1670.

 

Les pays Wallon :  

Henry Du Mont naît à Looz (Borgloon en flamand) vers 1610. Ses parents, Henry de Thier et Elisabeth Orbaen vivaient dans cette ville depuis leur mariage ; une ville relativement importante pouvant offrir des activités diverses. Le calme relatif régnant sur le pays de Liège n’allait pas durer, la guerre allant bientôt faire rage. C’est probablement suite à ces circonstances que la famille se déplaça à Maastricht. Le frère de Henry de Thier les y attendait ; il se chargea d’ailleurs rapidement de l’éducation des enfants – Henry du Mont avait un frère Lambert – qui firent partie de la maîtrise de Notre-Dame de Maastricht dès 1621.

Le jeune Henry y reçut une solide éducation, générale et musicale (enseignement de la philosophie, théologie, contrepoint, composition, basse continue, instruments) et pouvaient chanter dans le chœur en contrepartie d’un petit salaire en nature.

Il n’est âgé que de 16 ans lorsque ses maîtres reconnaissent son talent en lui accordant la prébende musicale de Sainte-Anne. En 1629, sa carrière prend également un tournant en étant nommé organiste de Notre-Dame. Cependant, il suscite très vite le changement et désire voir au-delà de Maastricht. Nous ne savons pas où il se rendit ; probablement à Liège où se mêlait à l’époque diverses tendances artistiques.

 

La France et Paris :

Henry Du Mont obtient plusieurs congés au cours des années 1630 pour voyager mais c’est en 1638 qu’il disparut complètement de Maastricht ; selon de multiples probabilités, il s’installa en France, où il devait certainement tenir les orgues de quelque couvent de la capitale. On retrouve sa trace à la tribune de l’Eglise Saint-Paul, où il est officiellement engagé comme organiste de l’église le 4 avril 1643 – il exercera cette fonction jusqu’à la fin de sa vie. C’est d’ailleurs à cette occasion qu’il utilise la première fois, officiellement, la traduction française de son nom wallon, Du Mont et non plus Thier.

Grâce à ce poste, le musicien devint l’un des organistes les mieux payés de Paris, et assura sa position et sa notoriété.

 

         Eglise Saint-Paul, Paris 4ème

 

Organiste, Henry Du Mont est également claveciniste, enseignant et compositeur et se trouve présente dans la salons mondains om sont organisés des concerts privés. C’est ainsi que se diffuse son œuvre, avant même les premières publications imprimées.

En 1647, le compositeur reçoit  ses « Lettres de naturalité » faisant de lui un sujet de Louis XIV à part entière. Cinq années plus tard, il publie ses Cantica sacra cum vocibus tum instumentis modulata (Cantica sacra pour deux, trois et quatre voix, avec basse continue), entremêlées de plusieurs pièces instrumentales. Il s’agit de la première publication en France de petits motets alors que ce genre existait en Italie depuis décennies. Peu de temps après cette publication, il est nommé claveciniste du duc d’Anjou, le frère du Roi, et fait ainsi son entrée à la Cour.

L’année suivante (1653), il retourne dans son pays d’origine pour un bref séjour et épouse Mechtel Loyens, la fille d’un notable de Maastricht ; elle décèdera très tôt, en 1660.

En 1657, Du Mont publie ses Mélanges, un ensemble d’airs accompagnés de préludes instrumentaux, et de petites pièces religieuses. S’ensuivent les Airs à quatre parties – sur des paraphrases de psaumes en français – et les Motets à deux voix.

En 1660, le roi Louis XIV se marie avec l’infante Marie-Thérèse. La Musique de la Reine doit se constituer et avec elle Henry Du Mont qui devient son organiste. Deux années plus tard, il saisit l’opportunité de se présenter au « concours » de sous-maître de la Musique de la Chapelle suite à la perte de Jean Veillot. Henry Du Mont et Pierre Robert – maître de musique de Notre-Dame – partageront ce poste en alternance. Du Mont a enfin touché ce qu’il souhaitait le plus au monde : occuper les hautes fonctions de la Cour dans le domaine de la musique sacrée.

Le sous-maître compose beaucoup : en 1668 et 1681 paraissent les Motets à deux voix puis les Motets à II, III et IV parties, et en 1669 ses Messes en plain-chant qui sont toujours  chantées aujourd’hui.

 

Pendant les vingt dernières années de sa vie, Du Mont accroit sa notoriété : il obtient en 1667 en bénéfice l’abbaye de Silly-en-Gouffern, près d’Alençon, qu’il gérera jusqu’à son dernier souffle, puis en 1668 il devient le compositeur de la Musique de la Chapelle après le décès de Robert Gobert. A cela, il faut lui ajouter la charge de maître de la Musique de la Reine et obtient divers bénéfices.

En 1683, Henry Du Mont demande au Roi « un congé à cause de son infirmité » et se retire dans sa maison parisienne. Il s’y éteindra le 8 mai 1684 et sera enterré aux côtés de son épouse « près de la chapelle des fonts » dans l’Eglise Saint-Paul. Avec Henry Du Mont se clôt une riche période de la vie musicale de la Chapelle du Roi ; ses successeurs vont ouvrir une nouvelle ère et par le même temps, plonger le vieux sous-maître dans l’oubli.

 

                                                                                                                                                                                                              

 

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