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Reger, Requiem op.145a (1914-1916)

 

Pour composer son Requiem, Reger a été inspiré par l'actualité tragique de la première guerre mondiale. Il s'agit d'une œuvre inachevée, qui aurait dû être une des plus vaste et ambitieuse du répertoire religieux de cette époque, surtout quand l'on sait que les partitions du compositeur n'excédent pas une heure.

Ce Requiem devait donc être une œuvre monumentale avec un grand orchestre et un orgue, que le compositeur devait dédié "à la mémoire des héros allemands tombés dans la guerre de 1914-1915".

Il commença à travailler sur l''œuvre dès octobre 1914, mais ne pouvait prévoir que la guerre allait durer plus de quatre ans, et se solderait par une défaite allemande. Aussi, quand il prit conscience de la réalité de la guerre et de ce qu'elle engendrait pour ses patriotes, il remplaça le titre par simplement "la grande guerre".

 

Le Requiem est une œuvre qui utilise le texte latin, et Reger compose uniquement l'Introit, le Kyrie et le début du Dies Irae (il ne compose que les trois quarts sur le texte d'origine). La tonalité choisie est celle de Ré mineur (aux couleurs particulièrement funèbres), et le compositeur fait aussi le choix de n'introduire aucun élément contrapuntique ou polyphonique qui sied à ce genre de musique. L'orchestre s'en tient donc à un grand accompagnement, très nuancé et coloré.

L'ensemble de la partition, même inachevée, montre les particularités d'écriture de cette époque : les orchestres larges et fournis en pupitres, la longueur des œuvres, les contrastes des timbres et instruments dûs au développement de la facture instrumentale et des recherches...

 

 

L'Introit démarre par une grande pédale de tonique, sur un ré grave, pendant soixante quatre mesures. Le tempo est très lent, avec un rythme de noires régulières, les quintes à vide font penser à l'harmonie de Bruckner. Puis les voix se réunissent jusqu'à former un chœur à sept voix. La basse quitte enfin sa pédale de tonique pour passer à une pédale de Do, et l'ensemble se rejoint ensuite dans la tonalité lumineuse de Do majeur. S'ensuit une série de modulations dans les tonalités majeures voisines et une succession de contrastes (fortissimi et pianissimi, soliste et chœur). L'Introit se termine par un Requiem aeternam, doux, repris du début.

 

Le Kyrie frappe par son contraste. Angoissé, les appels du Kyrie se font sur des quintes à vide, doublées par les cuivres. Le tempo se fait plus vif et agité. En réponse, le Christe est une supplication très lyrique, confiée non pas au chœur mais aux solistes. Apres une pédale de Ré, on réentend les motifs du début jusqu'à ce que la musique meurt petit à petit.

 

Le Dies Irae, inachevé, est écrit dans la tonalité de Fa mineur, et se fait foi aussi d'ambiance apocalyptique. Parmi les particularités d'écriture de cette pièce, on note quelques éléments proche de l'atonalité, des sursauts véhéments des chœurs, et en même temps, des quintes calmes, sereines. Puis, sans prévenir, la partition s'interrompt de manière brutale.

 

                                                                                                                                                                                                                              

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