Music for 18 musicians
(1976) est l’une des rares œuvres du XX° siècle à avoir modifié le cours de la musique occidentale. Steve Reich admet d’ailleurs que cette œuvre « marque une crète dans sa carrière de trente années ». On y entend des couleurs tropicales, de voix féminines sans paroles se mêlant aux sons des instruments et surtout un langage
harmonique élargit qui ne lui ressemble pas : « il
y a plus de mouvements harmoniques dans les cinq premières minutes de Music for 18 musicians que dans chacune de mes œuvres complètes à ce jour. »
La structure générale de cette pièce consiste en onze pièces différentes mais reliées entre elles, possédant chacune un univers unique. Cependant, la particularité
de Music
for 18 musicians réside dans le fait qu’elle se joue sans chef d’orchestre, le vibraphone étant chargé de donner le signal de chaque changement d’harmonie, de motif, de mélodie vers un nouveau mouvement. « La série d’accords du début donne une idée de la texture harmonique des morceaux suivants, ouvrant un grand champ d’action à la basse. »
Fidèle à
lui-même, Steve
Reich cherche toujours à montrer les liens avec la tradition, notamment avec la tradition médiévale : « Cette idée de prolongation a beaucoup à voir avec Pérotin. L’exposition puis le développement de ce cycle d’accords d’ouverture vient de lui. Chacun des accords indépendants est d’abord maintenu sur deux respirations. Ensuite chacun est prolongé pendant cinq à six minutes environ. Tout
comme Pérotin, je
prends un cantus firmus et je l’étire. Cela se poursuit dans tout le morceau. »
Cette pièce est celle qui a rendu l’appellation « minimaliste » sans objet. Aujourd’hui encore, on utilise toujours ce terme pour cataloguer la musique de Steve Reich, alors que plus il compose et moins
cette appellation devient adéquate
pour sa musique.