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Ligeti : Concerto pour violoncelle et orchestre

 

          Ecrit en 1966, le Concerto pour violoncelle est d’une durée assez courte, puisque interprété en moins de quinze minutes. Il est dédié à Siegfried Palin et créé par lui à Berlin le 19 avril 1967. Son orchestration est réduite et il se compose de deux mouvements seulement, dont le premier est empreint d’un statisme stupéfiant.

Selon Ligeti, « le violoncelle parle », et c’est là que l’on rencontre le paradoxe de cette musique. Ligeti toujours à la recherche d’une nouvelle identité sonore, supprime dans cette page presque la totalité des tensions traditionnelles. En effet, on remarque une absence de métrique, de périodicité, d’accentuation, ce qui permet en partie d’expliquer la nomenclature orchestrale dépourvue de percussions. La thématique n’existe pas et si le timbre et la dynamique sont les deux éléments les plus présents, la notion d’intervalle s’en trouve elle aussi amoindrie.

Paradoxe également entre la continuité et la discontinuité du son, car le compositeur nous permet de suivre l’évolution d’un même son tout en fluctuant le timbre par rapport à une même hauteur. Mais là où se dessine son talent, c’est avec un canon allant jusqu’à 56 voix ; son écriture micropolyphonique nous permet en même temps d’avoir une perception harmonique et globale.

Toutefois, la musique de Ligeti est statique dans ce concerto : il joue sur la suppression du temps, la clarté, insiste particulièrement sur le son Mi, pratique le filtrage, le brouillage, émet des sons parasitaires avec des gravitations chromatiques, se partage entre les clusters aigus et graves, et finalement il évince sa note polaire Mi pour terminer sur Sol.

 

          Dans cette œuvre, outre les paradoxes de l’écriture musicale, on relève aussi celui de la forme elle-même de concerto, car où se trouve la notion simple de concerto si ce n’est qu’elle surgit de l’animation interne du violoncelle (trémolos, sons harmoniques…). En fait, le violoncelle anime le son, reste toujours audible et repérable, en opposition (encore une fois) au reste de l’orchestre qui tourne en fusion acoustique.

                                                                                                                                                                               

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