Ars-classical
Accueil
Compositeurs
Hist. de la musique
Analyse
Liens
Partenaires
Contact

Mozart : Concerto pour piano n°9 en mi bémol majeur

« Jeunehomme » (K.271)

 

          Nous ne saurons jamais si ce concerto est un cadeau ou une commande. La dédicataire est la jeune virtuose française Mademoiselle Jeunhomme (que Mozart appelle Jenomé) venue à Salzbourg en 1777, et que Mozart retrouvera à Paris l’année suivante. A cette époque donc, Léopold et Wolfgang projettent un nouveau voyage, dans lequel Paris tient lieu d’une étape importante ; l’Europe entière se mettait alors au goût de Versailles.

Mozart étonne ici par la maturité de son écriture. Il a tout juste 21 ans, l’âge de la majorité. C’est peut-être pour cela qu’il impose sa propre personnalité et ses idées musicales dans un style qui unit dans un flux ininterrompu soliste et orchestre. Ce concerto « Jeunehomme » est le premier grand concerto de Mozart : chacun des mouvements sortent de l’ordinaire. Il a travaillé dans trois directions différentes : l’entrée du soliste (remise en cause dans les deux premiers mouvements) la forme (une structure sous forme de puzzle, un matériau thématique abondant) et le sens de l’effet (le souci expressif est constant).

 

Allegro (premier mouvement) :

          Dès la première mesure, Mozart s’éloigne de l’univers galant. Le soliste fait son entrée à la seconde mesure, bouleversant ainsi les conventions traditionnelles. Et Mozart n’en reste pas là : il y a très peu de virtuosité, pas de thème propre au soliste, les deux thèmes principaux s’opposent dans leur caractère et enchaînent directement sur un motif de coda. Voilà comment se déroule l’Exposition.

Le Développement réserve lui aussi des surprises, comme par exemple, le fait qu’il ne contient aucune nouvelle idée mais travaille énormément le matériau du premier thème.

Quant à la Réexposition, elle débute par une montée chromatique du piano et enchaîne diverses modulations avant une Cadence qui n’établit pas tant de démonstration virtuose mais ressemble davantage à un passage thématique.

 

Andantino (second mouvement) :

          C’est l’une des pages les plus douloureuses que Mozart ait écrit, avec l’Andante de la Symphonie concertante K.364. Ce mouvement est construit à la manière d’une forme-sonate et s’ouvre par une ritournelle orchestrale à laquelle s’ensuit un thème sombre, une phrase plaintive et poignante tout droit sortie d’un récitatif d’opéra. Une modulation en mi bémol majeur intervenue subitement permet à l’œuvre de s’éclaircir un peu sous le soliste dialoguant avec l’orchestre avec sérénité.

Le Développement est très court, à peine une quinzaine de mesures, faisant davantage office de transition. Un bref conduit d’orchestre amène la Réexposition dont l’ut mineur apporte souffrance, plainte et désolation. Le soliste prépare sa propre cadence et accompagne l’orchestre jusque dans les dernières mesures.

 

Rondo (troisième mouvement) :

          D’aspect fantaisiste et plein d’énergie, le piano mène le jeu et expose dès le début le refrain. Il poursuit une course palpitante durant deux couplets avant d’arrêter sa course sur un accord de septième diminuée.

Surprise mozartienne : le Menuet, au centre de ce dernier mouvement étonne et contraste avec son changement de tempo. Un bref passage athématique amène une cadence de soliste et la fantaisie peut reprendre avec son refrain et ses deux couplets. Une Coda sur le thème du refrain termine l’œuvre.

    

          Ce concerto est une œuvre riche en surprises, en émotions, en inventions. Mozart a réussi avec cette œuvre de jeunesse un véritable tour de force. Ce n’est pas surprenant dès lors que ce concerto soit l’un des plus interprété.

 

                                                                                                                                                                               

                   ©ars-classical - Toute reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur