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Prokofiev : Suite Scythe (Ala et Lolly) op.20

 

    exemple d'art scythe : un tapis mural en feutre

 

          La majorité des œuvres scéniques de Prokofiev (ballets ou opéras) ont parfois donné lieu à plusieurs suites symphoniques, permettant de faire entendre au public les extraits principaux de ses œuvres.  Prokofiev fait la connaissance de Diaghilev – impresario et directeur artistique russe – lors d’un voyage à Londres en 1914 où il assiste à des représentations de ballets de Stravinsky (le Sacre du printemps) et Ravel (Daphnis et Chloé). Diaghilev lui propose alors l’écriture d’un ballet sur un sujet tiré de la mythologie russe, dont la rédaction est confiée au poète symboliste Gorodetski. C’est ainsi que naît Ala et Lolly, un ballet « scythe » qui met en scène la déesse de la fécondité, Ala, menacée par le dieu Tchoujbog et sauvée par le guerrier Lolly.

Toutefois, Diaghilev exprima une profonde déception lorsque la partition fut achevée, et lui commande un nouveau ballet Chout. Pourtant, en 1916, lorsque Prokofiev relit la partition, il décide d’une refonte et la transforme donc en suite symphonique. Cette nouvelle page fut considérée à l’époque comme « l’œuvre la plus chère du monde » en raison d’une orchestration foisonnante : les bois par quatre, huit cors, cinq trompettes, quatre trombones, un tuba, deux harpes, piano, célesta, cordes et percussions.

 

La Suite Scythe se divise en quatre tableaux :

 

1.       Adoration de Veles et Ala

2.       Tchoujbog et la danse des esprits noirs

3.       La nuit

4.       Départ de Lolly et cortège du soleil

 

Tchoubog et la danse des esprits noirs :

Ce deuxième tableau se révèle être de forme plurisectionnelle :

1. L’œuvre s’ouvre par un lourd piétinement d’ostinato (trombones) sur pédale de tonique. Le thème est d’aspect martial, présenté aux cuivres avec des doublures de quartes et quintes, des notes répétées, des sauts d’octaves et de rapides ascensions chromatiques.

2. Une courte section réservée aux cordes s’ouvre après une rupture ; sorte de scherzo aux accents irréguliers.

3. C’est une nouvelle phase de la danse, avec une instrumentation particulière (xylophones, tambours et cordes) sur laquelle on assiste à des échanges motiviques entre les bois (basson et hautbois) ponctués par des interventions irrégulières des cuivres.

4. L’orchestre reprend corps progressivement pour la dernière partie de la danse qui reprend le thème impartial de la première section, montant crescendo jusqu’au choc final.

           

          Ce tableau est pourvu d’une extrême violence que l’on peut expliquer par une instrumentation très développée (les cuivres notamment), une importante conception rythmique (accents irréguliers, ostinato, peu de relevé mélodique mis à part le thème martial concis) et surtout un langage harmonique novateur (harmonies dissonantes, accords remplis de notes étrangères, empilements de quartes…). En 1916, Assafiev aurait déclaré dans la revue Musique : « Comparé à la Suite scythe de Prokofiev, le Sacre du printemps est simplement de l’exotisme.»

 

                                                                                                                                                                               

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