Johannes Ockeghem est l’un des compositeurs les plus importants du XV°
siècle. Sa forte personnalité a forcé le respect de ses contemporains et de la génération suivante, pour laquelle il devient un modèle de perfection.
Samusique est d’une grande importance dans l’évolution du langage musical de la
Renaissance. Il a aimé exploré le domaine de l’élaboration du cantus firmus en
cherchant toujours des solutions différentes et novatrices.
Johannes Ockeghem est né vers 1420 à Saint-Ghislain, près de Mons en Belgique.
Sa vie se confond avec celle de ses fonctions : en 1443-1444, il est
vicaire-chantre à l’église Notre-Dame d’Anvers, puis il entre au service de
Charles Ier (1446-1448) qui l’aida sans doute à entrer au service du roi
Charles VII. Il sera ensuite membre de la Chapelle Royale (1450-1451). En 1454,
il est « premier chapelain », et offre au roi « ung livre de chant », dont
malheureusement la nature nous est inconnue.
Le 5 novembre 1458, il chante le Te Deum dans l’église du château de
Vendôme, l’une des résidences royales, en l’honneur de l’élection du nouveau
pape Pie II. Quelques jours plus tard, à l’occasion du nouvel an 1459, il offre
au Roi « une chanson bien richement enluminée ». Cette année le
récompensera par une fonction honorifique, celle de Trésorier de Saint-Martin
de Tours. Deux ans plus tard (1461), il participe aux obséques du défunt
Charles VII. Sous le règne de Louis XI, il est rattaché à la ville de Tours et
ordonné prêtre à la ville de Cambrai (dans les années 1470).
A partir des années 1460, Ockeghem va commencer à voyager, bien qu’il ne sera
jamais un grand voyageur, et ne se rend jamais en Italie. En 1465, il accède enfin
aux fonctions de chantre du Roi, soit le « maître de la chapelle de chant
du Roi ».
Ensuite, sous le règne de Charles VIII, les informations concernant le
maître font défaut. Il voyage en Flandres en 1484, se retrouve aux côtés du Roi
lots de la cérémonie du lavement des pieds (lors du jeudi Saint de 1488).
Johannes Ockeghem s’éteint le 6 février 1497 à Tours. Maitre de
chapelle à la cour des Rois, Ockeghem est l’une des figures emblématiques de la
Renaissance musicale. Sa mémoire fut célébrée par ses contemporains (poètes et
musiciens) ; de nombreux textes
témoignent de ces hommages qu’aucun autre compositeur ne reçut jamais.
Sa musique :
Ockeghem est un compositeur qui possède à son actif 14 messes, un
Requiem, un Credo, une dizaine de motets et une vingtaine de chansons ; sans
compter les productions douteuses portant sa signature.
Ockeghem entre à la cour royale à la seconde moitié du XVI° siècle. Il
serait d’ailleurs le premier compositeur à faire partie de la chapelle de
Charles VII. En 1451, la guerre de Cent Ans touche à sa fin et c’est à cet
instant que le Roi peut entrer en concurrence avec les autres chapelles royales
des autres cours princières et européennes.
Dans sa musique, Ockeghem aime pousser les recherches intellectuelles,
les prouesses techniques, explorer de nouvelles dimensions harmoniques. Surtout,
il a aimé explorer le domaine de l’élaboration du cantus firmus, en recherchant
toujours des solutions différentes et novatrices.
Les messesDe plus en plus et Ecce Ancilla Domini sont les premiers essais du compositeur dans le
traitement libre du cantus firmus. A partir des années 1470, il commence à
envisager l’abandon total du cantus firmus afin d’expérimenter de nouvelles
solutions que l’on peut écouter dans Au
travail suis, Fors seulement, Ma maîtresse et Mi Mi, toutes inspirées de ses propres chansons.
Les deux messes qui firent la réputation posthume d’Ockghem sont la Missa Prolationum et la Missa Cujusvis toni, pour leur
construction et les artifices utilisés.
Fait exceptionnel également, Ockeghem est le premier à avoir composé
une messe de Requiem polyphonique (ou en tout cas qui soit parvenu jusqu’à nous
aujourd’hui).
Bien qu’ils soient peu nombreux, les motets d’Ockeghem figurent parmi
les chefs-d’œuvre musicaux de cette époque humaniste. L’écriture est totalement
maîtrisée, libérée totalement du cantus firmus rigide. La musique est donc
expressive et équilibrée, entre mysticisme et sentiments. Il est donc l’un des
premiers à établir un rapport étroit entre le texte et la musique. Quatre
motets d’attribution certaine sont parvenus jusqu’à nous : Salve Regina, l’Ave Maria, l’Alma Redemptoris
Mater et Intemerata Dei Mater.
Quant aux chansons profanes du maître, elles s’inscrivent dans la tradition
des formes : 15 rondeaux et 4 bergerettes, toutes principalement écrites à
trois voix. Ces œuvres marquèrent surtout les œuvres de ses disciples.