Le
Divertimento K.136 est une œuvre pour cordes composée pendant le premier
trimestre de l'année 1772. Le genre du Divertimento n'étant pas clairement
défini, cette partition peut s'interpréter aussi bien pour quatuor à cordes que
pour orchestre. Elle fait partie d'un ensemble de trois Divertissements : le
Divertimento K.136, K.137 et K.138, toutes écrites durant ce premier trimestre
1772.
Les circonstances de composition
ne nous sont pas connues. Tout ce que nous savons, c'est qu'elle fut
probablement mise en œuvre durant le second voyage de Mozart en Italie
(13/08/1771 - 16/12/1771) et écrite entre janvier et mars 1772. Mozart est
gravement malade à cette période et compose peu. Peut-être a-t-il couché sur le
papier, lors de son retour à Salzbourg, uniquement les œuvres élaborées lors de
ce voyage italien.
Mozart est connu pour avoir
composé plusieurs Divertimenti prenant parfois la forme de petites symphonies.
C'est le cas pour les "Symphonies de Salzbourg" K.136-137-138.
Pourtant, sur la partition originale, nous avons bien des pupitres de quatuors
à cordes, mais qui semblent être renforcés a plusieurs endroits. Il semble donc
que Mozart ait inscrit ces œuvres dans une perspective plus orchestrale que
chambriste malgré la formation originelle du quatuor à cordes. En tout cas, il
s'agit de quatuors et/ou de symphonies purement pour cordes, sans intervention
d'instruments à vents.
Sur le plan formel, ces trois
Divertimento se composent de trois mouvements, vif-lent-vif, à la manière d'une
Sinfonia italienne. Ils possèdent des thèmes primesautiers, dramatiques ou
mélancoliques, une structure harmonique limpide et un effet brillant dominant.
Le Divertimento K.136 est une
œuvre en trois mouvements, construit sur le modèle de la Sinfonia italienne
(vif-lent-vif), agencée en Allegro - Andante et Presto. Chaque mouvement est de
forme tripartite, suivant un chemin tonal précis.
L'oeuvre est construite selon le
style classique viennoise typique, de style galant, très ornementée, comportant
de nombreux passages virtuoses dans les mouvements rapides. On peut y relever
des éléments dramatiques, des carrures régulières et même un passage en style
sévère avec la présence d'une fugue dans le dernier mouvement. Si ce
Divertimento se révèle très concertant, le violoncelle possède lui un rôle
purement d'accompagnant, n'ayant aucune mélodie propre, doublant au mieux la
ligne mélodique d'une autre voix (second violon ou alto).
Le troisième et dernier mouvement
Presto, de tempo très rapide, est écrit dans une mesure binaire à deux temps et
possède un découpage précis, un chemin tonal strict et un thème aux carrures
régulières. Ce mouvement est en trois parties distinctes, faisant penser à un
Allegro de sonate avec une Exposition, un Développement et une Réexposition.
Mozart fait appel au bithématisme coutumier de la forme-sonate, agrémente ses
deux thèmes d'un Pont et d'un chemin tonal digne respectant les règles
établies. Voici un découpage précis de ce dernier mouvement.
Analyse du Troisième mouvement "Presto" :
Exposition :
Pour ce dernier mouvement, Mozart
reprend la tonalité entendue dans l'Allegro, Ré Majeur. Il débute ce Presto
avec quatre mesures d'introduction. Les quatre instruments sont en homorythmie,
avec des croches marquant chaque temps.
Le premier thème est énoncé au
premier violon. D'ambitus restreint, la ligne mélodique est simple, dépourvue
d'ornements, mais gagne en virtuosité. Ce thème peut se subdiviser en plusieurs
petites sections, chacune de quatre mesures :
-partie
a (mesures 5-12) : la mélodie est au premier violon, sous un accompagnement en
croches régulières aux trois autres membres du quatuor. Cette partie peut elle
aussi se subdiviser en deux autres courtes sections (mesures 5-8 et mesures
9-12).
-Partie b (mesures 13-20) : la
mélodie semble construite sur une sorte de question (mesure 13-14) et réponse
(mesures 15-16). L'accompagnement se modifie : le second violon entame des
doubles croches fulgurantes alors que les alto et violoncelle restent avec
leurs croches régulières. Cette partie se divise en deux sections (mesures
13-16 et mesures 17-20), la seconde étant la répétition de la première.
-Partie c (mesures 21-24) : les
voix sont groupées par deux (violon1&2 et alto&violoncelle). La mélodie
est donnée aux deux violons, avec le retour d'ornements (trilles). La fin est
suspensive avec une demi-cadence et module vers la tonalité dominante de La
majeur.
Si l'on regarde bien, ce thème
est entouré par une introduction et une conclusion, avec des carrures
régulières de huit mesures chacune.
A ce thème s'ensuit un Pont, dans
la tonalité de La majeur (mesures 25-33). Introduit lui aussi par une mesure
avec un alto en croches répétées sur la note La, il contraste avec le thème
précédent par sa ligne mélodique montante et ascendante tout en notes piquées.
Exposée au premier violon, doublée par le second, elle est accompagnée par un
alto tout en croches sur une pédale de Tonique et un violoncelle discret sur
chaque temps.
Ce pont est de quatre mesures
(mesures 26-29), répétées une seconde fois à l'identique (mesures 30-33).
Apres cette "pause"
légère, le second thème fait son entrée, Forte, avec une ligne mélodique
ornementée, exposée aux trois premiers instruments. Seul le violoncelle garde
son rôle de basse avec ses croches régulières. Comme le thème 1, il peut se
diviser en plusieurs sections :
-Partie a (mesures 34-42) : une
mélodie ascendante est lancée avant de redescendre pour mieux remonter avec un
saut d'octave sur la dominante Mi. Le second violon double à l'octave
inférieure alors que l'alto double à la tierce encore inférieure. Cette partie
se subdivise en deux sections, la seconde étant une répétition de la première
(mesures 34-37 et mesures 38-42).
-Partie
b (mesures (42-46) : la mélodie descend, se permet même un saut de quinzième
pour mieux relancer le discours musical, sous les trémolos des second violon et
alto.
-Partie
c (mesures 47-58) : passage de virtuosité avec des traits rapides à la partie
soliste (mesures 47-54) avant de conclure cette Exposition avec un motif en
boucle (mesures 55-58).
Développement :
Ici, nous employons le terme de
développement. Mais en réalité, il s'agit d'une fugue, insérée entre
l'Exposition et la Réexposition. Le recours à un style ancien sévère est
étonnant de Mozart et ne coïncide pas réellement avec le style galant de
l'époque. Serait-il sous l'influence de Haydn ou de la re-découverte du vieux
Bach ?
La fugue est courte et peu
développée. Mozart retrouve la tonalité principale de Ré majeur pour le sujet
de sa fugue. Le sujet est présenté au second violon et est construit sur une
marche mélodique descendante.
Ce court sujet est présenté, de
manière serrée, aux quatre voix à intervalle de deux mesures dans cet ordre :
violon 2 - violon 1 - violoncelle - alto.
Lors de la dernière présentation
à l'alto, un motif récurrent se fait entendre chez le soliste. Les modulations
font s'enchainer, d'abord avec Do majeur (mesure 65), Si majeur (mesure 69), Mi
majeur (mesure 73), La majeur (mesure 75) et Ré majeur (mesure 76). Ce motif
récurrent est construit sur des retards, des syncopes,des notes étrangères, créant des surprises et
une tension.
Çette fugue se conclut de manière
dramatique sur un accord de Fa majeur (Mozart recours à une tonalité très
éloignée de la Tonique énoncée), de septième diminuée (mesures 83-84) avant de
relancer brièvement une dernière fois le sujet (mesures 85-86) qui amènera la
Réexposition.
Réexposition :
La Réexposition est identique à
l'Exposition, hormis le parcours tonal qui suit fidèlement celui imposé par
celui de la forme-sonate, à savoir que le second thème d'ne module pas a la dominante,
mais reste bien exposé à la tonique. C'est exactement ce que l'on remarque ici,
et ce, dès la partie c) du premier thème (mesure 107) qui reste en Ré majeur.
Le Pont ainsi que le second thème et les figures conclusives sont également
exposées en Ré majeur.