Une Nuit sur le Mont Chauve est
une œuvre composée en 1867, mais restée inédite et inexécutée du vivant de Moussorgski.
Elle ne fut publiée qu’en 1968, un siècle après sa composition. L’œuvre nous
est alors parvenue dans une version révisée de Rimski-Korsakov. Aujourd’hui encore
c’est cette version qui est le plus entendue et ce, grâce à Rimski-Korsakov
lui-même qui a contribué à plonger l’œuvre originale dans l’ombre en prétendant
qu’elle était inachevée ! Ne trouvant aucun aspect satisfaisant de la
partition, Rimski-Korsakov a donc décidé de « composer avec les matériaux de Moussorgski un morceau d’orchestre en
conservant tout ce que l’auteur y avait mis de meilleur avant tout ce que l’auteur
y avait mis de meilleur et en ajoutant le moins possible de (son) cru ».
Rimski-Korsakov dirigea d’ailleurs lui-même sa version à Paris lors des
Concerts russes de l’Exposition Universelle de 1889.
Une Nuit sur le Mont Chauve
ne portait pas de titre à l’origine mais celui de Nuit de la Saint-Jean. Moussorgski écrivit cette œuvre à la suite d’une
pièce de Mengden « La Sorcière »
(1860). Le travail de composition commença en 1866-1867 car Moussorgski venait
de terminer la lecture d’un ouvrage sur la sorcellerie de Khotinski. L’instrumentation
aurait été conclut en douze jours seulement, d’après les lettres retrouvées et
dans lesquelles il décrit sa nouvelle œuvre.
Le plan de l’œuvre en fut changé :
1. Réunion des sorcières, leurs discussions et
leurs commérages
2. Cortègede Satan
3. Glorificationmaléfique de Satan
4. Sabbat
« J’ai orchestré le Sabbat
en éparpillant les parties instrumentales, ce qui devrait faciliter la
perception de l’auditeur, car les contrastes entre les vents et les cordes sont
bien marqués. Je crois que ça correspond bien au caractère du Sabbat, qui est
tout en cris, et en appels dispersés, jusqu’au moment où toute la racaille
diabolique se mélange dans une confusion totale… »
Dans cette version originale, Moussorgski souhaite livrer une vérité
réaliste et fantasmagorique. La musique est déchaînée, effrayante, furieuse,
dansante voire même incantatoire à certains instants. Il multiplie les
hardiesses harmoniques, les gammes par tons… La partition se termine alors
abruptement.
En raison des critiques acerbes de ses contemporains, l’œuvre resta
dans l’ombre. Moussorgski décide néanmoins de reprendre le matériau pour une
nouvelle oeuvre en y ajoutant des chœurs, mais ce manuscrit ne nous ait jamais
parvenu. En revanche, une version pour piano et chœurs a été réutilisé dans l’opéra
La Foire deSorotchintski ; dans laquelle Moussorgski ajoute un épilogue
apaisant après les visions fantasques.