Sœur cadette de Nadia Boulanger,
Lili Boulanger est une compositrice française. Elle est surtout la première
femme à remporter le célèbre Prix de Rome. Malgré une existence courte, elle
laisse derrière un catalogue d’œuvres conséquent.
« En tant qu'ami de la France, je voudrais vous dire ma surprise que Lili
Boulanger ne soit pas considérée pour ce qu'elle est : c'est à dire la plus
grande des femmes compositeurs de l'Histoire de la Musique ! …) Elle était
belle, elle était la première femme à être envoyée à Rome comme premier Grand
Prix (…) elle mourut à l'âge de vingt-quatre ans, elle écrivit des œuvres
remarquables avec une précocité qui fut aussi étonnante que celle d'un Arthur
Rimbaud (…) elle écrit des œuvres monumentales qui sont des œuvres religieuses
avec chœurs, soli et orchestre ». (Igor Markévitch)
Juliette-Marie Olga Boulanger dite Lili Boulanger est née à Paris le
21 août 1893. Elle est la sœur cadette de Nadia Boulanger (1887-1979), qui
deviendra le célèbre professeur de composition. Elle est issue d’une famille de
musiciens : son grand-père était violoncelliste de la chapelle royale, son
père Ernest Boulanger était compositeur et professeur de chant au
conservatoire, et sa mère Raïssa Mychetska était une comtesse russe cantatrice.
La petite fille baignait naturellement dans un univers musical et culturel
quotidien.
Dès l’âge de deux ans, apparaissent les premiers signes d’une
déficience immunitaire sous forme d’une pneumonie. Dès lors, elle sera toujours
malade.
A l’âge de six ans, Lili montre des signes musicaux précoces :
elle sait déchiffrer des partitions avant même de savoir lire, notamment les
mélodies de Gabriel Fauré, un ami de la famille qui l’accompagne dans ses
interprétations. Du fait de sa maladie, elle reçoit l’enseignement musical à
domicile, apprenant le piano, le violon, la harpe et le violoncelle. Elle s’essaye
également à la composition, avec une première mélodie La Lettre de mort, écrite à l’âge de onze ans.
En 1909, elle entre au Conservatoire dans la classe de Georges
Caussade (contrepoint) et Paul Vidal (composition). Particulièrement douée,
elle fait montre d’une sensibilité très aigüe. Elle présente une première fois
le concours du Prix de Rome en 1912 mais ne peut aller au bout en raison de sa
maladie. Elle retente le concours l’année suivante et devient ainsi la première
femme à obtenir la célèbre distinction avec sa cantate Faust et Hélène.
Malgré une santé précaire, elle décide de se rendre en Italie en 1914,
où elle compose à la Villa Médicis la plus grande partie de son œuvre,
notamment les pièces Cortège pour
violon et D’un jardin clair pour piano, le
cycle vocal Des
clairières dans le ciel mais aussi les Psaumes
XXIV, CXXIX, CXXX. Quand la guerre éclate, elle doit
retourner à Paris, compose sans relâche, et fonde avec sa sœur un comité
Franco-Américain du Conservatoire d'aide aux combattants.
Parmi
ses travaux, une Vieille prière bouddhique pour voix et orchestre, Un matin de printemps
et Un soir triste (deux poèmes symphoniques), et son chef d'œuvre Pie Jesu pour
voix, orgue, quatuor à cordes et harpes qu'elle dicte à Nadia alors qu'elle
succombe à une tuberculose intestinale. Elle laisse également l’opéra la
Princesse Maleine, demeuré inachevé.
Lili Boulanger meurt le 15 mars 1918 dans les Yvelines (Mézy), à l’âge
de vingt-quatre ans.