Johann Stamitz est un musicien-clé dans l’histoire de la musique
classique. Fondateur de l’école de Mannheim, Stamitz est à la fois violoniste,
compositeur et directeur de la musique. De l’orchestre de Mannheim, fondé par
le prince-électeur Carl Theodor, il en fait l’un des plus réputé d’Europe, et
participe ainsi au développement de la symphonie préclassique. Avec ses
cinquante-huit symphonies qui subsistent, nous pouvons suivre l’évolution
musicale de la musique instrumentale du milieu du XVIII° siècle et ainsi
évaluer l’évolution de la symphonie en trois mouvements vers une œuvre en
quatre mouvements, que Stamitz fut bien le premier à utiliser systématiquement.
La vie :
Johann Wenzel Anton Stamitz est né à Nemecky Bord, en Bohème
(aujourd’hui en République Tchèque), le 18 ou 19 juin 1717. Il reçoit dès son
plus jeune âge une éducation musicale, par son père, puis étudie au collège des
Jésuites de Jilhava (1728-1724) et à l’Université de Prague (1734-1735). Il est
très vite engagé à la cour de Mannheim comme musicien de chambre auprès du
prince Karl Theodor, où il devient premier violon (1743), Konzertmeister (1745)
puis directeur de la musique instrumentale (1750).
A l’été 1754, nous le retrouvons à Paris, où il réside pendant un an,
durant laquelle il se produit au Concert Spirituel et publie ses Trios pour orchestre op.1. Ces œuvres
sont à cheval entre la musique de chambre et la musique d’orchestre car
celles-ci peuvent s’interpréter aussi bien avec un seul instrument qu’avec
plusieurs instruments à cordes par partie.
A sa mort prématurée en 1757, ses œuvres seront toutes, pour la
plupart, publiées. Ses deux fils, Carl et Anton deviendront eux aussi de grands
musiciens.
L’œuvre :
Johann Stamitz écrivit dans des genres différents : des
concertos, de la musique de chambre, des œuvres vocales, une Messe en Ré (célèbre de son vivant), dix
Trios d’orchestre et surtout
cinquante-huit symphonies. Parmi ses concertos, comptons de nombreux concertos
pour violon, onze pour flûte, un pour hautbois et un pour clarinette (sûrement
le premier à être écrit pour cet instrument).
A travers ses symphonies, nous pouvons suivre l’évolution de la
musique instrumentale du milieu du XVIII° siècle. Ses premières œuvres sont
marquées par un schéma en trois mouvements (vif-lent-vif) et sont destinées à
un effectif « réduit » d’instruments à cordes et deux cors. Les
symphonies suivantes ajoutent deux flûte, deux hautbois, et même pour les
dernières deux clarinettes et deux trompettes et timbales (pour cinq d’entre
elles). Sur cinquante-huit symphonies, plus de la moitié seront composées avec
quatre mouvements, dont un menuet en troisième position ; comme c’est le
cas pour neuf des dix Trios pour
orchestre.
Stamitz mènera également quelques innovations importantes avec son
travail sur l’orchestre et le thématisme. En effet, il fut l’un des premiers à
pratiquer le crescendo de manière aussi intensive. S’il n’en est pas
l’inventeur, il adapte néanmoins le travail des italiens à ce sujet, comme les
styles de Jommelli ou de Galuppi qu’il a pu entendre à Mannheim.