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Biographie de Jacques Ibert (1890 - 1962)

 

Musicien de la première moitié du XX° siècle, Jacques Ibert est l'un des grands compositeurs à avoir perpétué la tradition du style français, dans la lignée de Saint-Saëns et Debussy. Sa musique, légère et faite de concisions, s'oriente très vite vers le néoclassicisme. Ses œuvres les plus célèbres sont le Concerto pour flûte et le Divertissement pour orchestre, mais sa production la plus importante touche les domaines de l'opéra, du ballet et de la musique de chambre.

 

Né le 15 août 1890 à Paris, 4 cité d'Hauteville, dans le 10ème arrondissement, Jacques Ibert est d'origine normande : son père, Jacques Ibert (1853-1933) était commissionnaire en marchandises et sa mère, Marguerite Lartigue (1863-1934), était une excellente pianiste amateur. Élève de Le Couppey et de Marmontel, elle avait souffert de ce que son père, haut fonctionnaire des Finances, ait jugé peu respectable pour l’une de ses filles de faire une carrière professionnelle. Aussi reporta-t-elle son amour pour la musique sur son fils unique en rêvant d’en faire un virtuose. « Ma mère », raconte Jacques Ibert, « souhaitait me voir devenir un grand violoniste chevelu et romantique. Pour cela, elle décida de m’apprendre mes notes avant même que j’eusse une notion élémentaire de l’alphabet. J’avais alors quatre ans. Après quelques essais violonistiques malencontreux, dus à la fatigue que l’étude de cet instrument imposait à ma santé fragile, ma mère me mit les mains sur le clavier, et, avec une patience et une ténacité admirable, commença à guider mes premiers efforts. »

 Jacques Ibert manifesta très tôt des dons d’improvisateur et, dès l’âge de douze ans, il se met à composer des valses et des mélodies, en cachette de son père qui craint que la musique ne détourne son fils de ses études classiques. Après avoir passé son baccalauréat, Jacques Ibert entre en apprentissage dans l'entreprise familiale afin de complaire à son père. Parallèlement, à l’insu de sa famille, il s’inscrit à un petit cours de solfège et d’harmonie et prend des leçons de piano avec Marie Dhéré.

Après ce court séjour dans l'entreprise familiale, sur les conseils de l'ami Manuel De Falla, il entre au Conservatoire de Paris en 1910, dans les classes d'Emile Pessard (harmonie), André Gédalge (contrepoint) - professeur de Milhaud et de Honegger - et Paul Vidal (composition). Pour gagner sa vie, il donne des leçons, improvise au piano pendant la projection des films dans des cinémas de Montmartre, écrit des chansons populaires et des musiques de danse dont certaines sont publiées sous le nom de William Berty.

Engagé volontaire pendant la Grande Guerre, réformé à plusieurs reprises, il fut notamment officier de marine à Dunkerque en 1917 et 1918. C'est à cette époque qu'il compose ses Pièces pour orgue. Au retour de la guerre, il se remet à la musique et remporte le Premier Grand Prix de Rome (1919) avec sa cantate Le Poète et la fée. Durant son séjour à la villa Médicis, il compose la suite symphonique Escales. Il sera d'ailleurs nommé Directeur de la villa le 1er février 1937.

 

           

 

Jacques Ibert ne cesse alors de composer. Ses influences premières se situent chez les Classiques (Mozart, Scarlatti, Couperin, Rameau) et les Modernes (Bizet, Chabrier, Debussy, Ravel, Stravinsky, Roussel). Il retrouve dans toutes ces influences, l'art français, auquel il fut sensibilisé dès sa prime jeunesse. Il développe alors un style où la fantaisie et l'humour sont sensibles.

Déjà attiré par la théâtre dans sa jeunesse - il aurait voulu embrasser la carrière de comédien si ses parents n'y avaient mis un veto - il écrit très vite pour l'opéra. D'abord Persée et Andromède (1921- création en 1929), puis une farce Angélique (1926) avec lequel il eut un certain succès. C'est donc vers le genre léger que Jacques Ibert s'oriente. À témoins, l'opéra-comique le Roi d'Yvetot (1928), l'opéra bouffe Gonzague (1930) et l'opérette Les petites Cardinal (1938). Il collabore également avec Honegger, avec l'Aiglon (1937).

Toujours dans le domaine du théâtre, il compose de nombreuses musiques de scènes, comme le Jardinier de Samos (1924), le Divertissement pour orchestre d'après Un Chapeau de paille d'Italie (1929), la Suite symphonique Paris 32 (1930), et la Suite Elizabétaine (1942).

Le ballet l'attire également : Diane de Poitiers (1933/1934), le Chevalier errant (1935), les Amours de Jupiter (1945), et le Triomphe de la Pureté (1950).

Autre domaine important dans lequel il laissa nombres d'œuvres, celui du cinéma. Certes, il se donnait déjà à des improvisations du temps du cinéma muet, mais ensuite il signa plus de soixante partitions cinématographiques.

Dans sa musique de chambre, il se laisse guider par les instruments à vents et la harpe, son Quatuor à cordes étant une exception. Parmi les pièces les plus célèbres, Deux mouvements pour deux flûtes, clarinette et basson (1922), Trois pièces brèves pour quintette à vents (1930), Cinq pièces en trio pour hautbois, clarinette et basson (1935), le Concerto pour flûte (1934), le Concertino da caméra pour saxophone alto et onze instruments (1935), le Concerto pour violoncelle (1925) et sa Symphonie concertante pour hautbois et orchestre à cordes (1948/1949).

 

L’œuvre de Jacques Ibert est abondante et échappe à toute définition. Il déclarait lui-même: " Pour moi, pas de système. Tous les systèmes sont bons, pourvu qu'on y mette de la musique " - sans cependant s'adonner au dodécaphonisme, la musique sérielle ou encore la musique concrète car " L'imagination est pour l'artiste le premier de tous les dons. C'est une force, à condition de la contrôler par le bon sens. " Jamais, il n'a cherché le succès, et encore moins le scandale.

En 1955 il devient directeur de l'Opéra de Paris et l'année suivante est élu à l'Académie des beaux-arts, à la suite de Guy Ropartz. Toutefois, à cause de sa santé fragile, de la lourdeur de la tâche et des attaques dont il fait l'objet, il ne tiens pas longtemps ce poste. Le 5 février 1962, à Paris, Jacques Ibert s’éteint à l'âge de 71 ans.

 

 Ce sont des hommes comme lui qui ont perpétué cette tradition musicale française où l'ont précédé Debussy, Dukas, Franck, Fauré, Saint-Saëns. " De tous nos compositeurs, Jacques Ibert est certainement le plus authentiquement français. Il est aussi le chef incontesté de notre école contemporaine... L’art de Jacques Ibert échappe à l’épreuve du temps car il est, avant toute chose, essentiellement classique de forme. Mais quelle imagination dans l’ordre, quelle fantaisie dans l’équilibre, quelle sensibilité dans la pudeur... " (Henri Dutilleux, aux Jeunesses Musicales de France le 15 février 1945).

                                                                                                                                                                                                 

  

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