Heitor Villa-Lobos est un compositeur
brésilien fécond, voire surabondant ; il laisse derrière lui un millier de
partitions. Il réussit à établir une synthèse entre sa double culture : celle
de la musique populaire brésilienne et celle de la musique savante occidentale.
Légende vivante dans son pays, il assimile à la fois les folklores brésilienset les partitions des maîtres classiques et romantiques pour forger un style éclectique.
Né à Rio de Janeiro le 5 mars 1887,
Heitor Villa-Lobos apprit le violoncelle et la clarinette auprès de son père,
puis de sa mère. A Rio, Heitor s'est familiarise à la fois avec les musiques de
salon européen et avec les musiques populaires de son pays. Très vite, il
devient guitariste dans des ensembles folkloriques, des groupes de musiciens
ambulants appelés "chôros" qui improvisaient dans les rues sur des
airs en vogue.
C'est seul, autodidacte, qu'il déchiffre
les partitions des maîtres classiques ; il garde toute sa vie une profonde attirance
pour Jean-Sébastien Bach. Plus tard, il devient violoncelliste dans l'orchestre
du théâtre Recreio, dans lequel il jouait un répertoire plus varié constitue
d'opéras, d'opérettes et de zarzuelas.
En 1905, il commence à voyager à l'intérieur
de son pays et assimile l'âme brésilienne des chants primitifs indiens, des
rythmes des Noirs de Bahia, des chansons populaires... Sa musique intègre donc
ces origines et en même temps est fortement influencé de Wagner et Puccini, de
Vincent d'Indy, de Debussy ou Stravinsky. Il explore à tout va les différents
genres musicaux qui s'offrent à lui : musique de chambre, musique symphonique,
opéra... et les relie à différentes légendes amérindiennes.
En 1923, il se rend à Paris. Sa
musique est jouée dans les salles et est loin de passer inaperçue. Il se fait
quelques amitiés ; parmi elles, Florent Schmitt ou Arthur Rubinstein.
De retour au Brésil en 1939, il
partage ses activités entre la composition et la pédagogie : à Rio, il assure
la Surintendance de l'éducation musicale et artistique, dirigeant à la fois de
nombreux concerts et organisant l'enseignement musical dans les écoles. Ses
programmes faisaient d'ailleurs une large place à la musique française
d'Honegger, Milhaud, Ravel, Roussel ou Poulenc. En 1942, quarante mille écoliers
chantèrent ensemble sous sa direction!
À partir de 1940, il entreprit des
tournées de concert à travers les Amériques et après la guerre, il se partage
entre le Brésil, les Etats-Unis et l'Europe (surtout Paris). A l'heure où sa
production approche des mille œuvres, Heitor Villa-Lobos s'éteint le 17 novembre 1959.
Villa-Lobos laisse derrière un œuvre
gigantesque multiforme. Soucieux de réhabiliter l'âme indienne et primitive, il
nous laisse des genres et des partitions uniques, comme le poème symphonique
amazonien et primitif : Myremis, le Naufrage de Kleonicos, Amazonas
et Uirapuru. Parmi les oeuvres "sauvages", retenons les Chants
typiques brésiliens, le Nonetto, les Chôros. Mais aussi douze
symphonies, la découverte du Brésil ou sa fresque Forêt de
l'Amazone. Son art est un art homogène soucieux de réconcilier l'Ancien et
le Nouveau Monde.
"Le
folklore, c'est moi. Mon œuvre est la conséquence d'une prédestination. Elle
est de grande quantité parce que fruit d'une terre immense, ardente et généreuse."