La Symphonie n°45 est la
symphonie la plus célèbre écrite par Joseph Haydn. Sa popularité vient de ses
cinq mouvements (inhabituels pour une symphonie de cette époque), de sa
tonalité en fa dièse mineur (il s’agit de la seule symphonie écrite dans cette
tonalité sur les quinze milles écrites à cette époque) et surtout de ses
circonstances de composition.
Si plusieurs histoires se propagent quant à l’écriture de cette
symphonie, le grand public retient celle des « Adieux ». Composée à
Esterháza en 1772, cette œuvre se voulait attirer l’attention du Prince Nikolaus
Esterhazy. Résidant depuis plusieurs mois à Esterháza, le Prince était entouré
de ses musiciens, mais venait tout juste d’interdire aux familles de rejoindre son
palais alors qu’il comptait y prolonger son séjour. Haydn se charge alors d’écrire
une symphonie qui fera comprendre au Prince l’impatience des musiciens : la
symphonie s’achève par le départ échelonné de tous les musiciens, pour ne
laisser finalement que deux seuls violons. Le prince, après audition de la symphonie,
aurait laissé partir – dit-on dès le lendemain - ses musiciens.
La Symphonie des Adieux peut
avoir un découpage en quatre ou cinq mouvements, selon la manière dont on
considère le dernier mouvement : est-ce un mouvement Presto comportant un
Adagio final ou un Adagio à part entière ? La question divise toujours les
musicologues.
Le premier mouvement est un
Allegro, écrit dans la tonalité
principale de fa dièse mineur. Le premier thème est exposé magistralement, avec
un motif descendant couvrant une tessiture de deux octaves, sous un
accompagnement syncopé. Le second thème apparaît en plein développement, dans
la tonalité de Ré majeur. Notons ici l’approche thématique qu’aura plus tard
Beethoven avec la Symphonie Héroïque.
D’ailleurs, la Réexposition n’est pas « conforme » non plus puisqu’elle
se concentre exclusivement sur le premier thème et évince le second.
Le second mouvementAdagio, est écrit dans la tonalité de La
majeur, et démarre par un thème très mélodique en sourdine. Les cordes sont
quasi exclusives sur ce mouvement ; seules quelques interventions de
hautbois et cors viennent ponctuer de rares phrases. Les dernière mesures
attirent l’attention de l’auditeur, car Haydn s’engage sur un sentier
harmonique aventureux.
Le troisième mouvementMenuet est de retour dans la tonalité
principale de Fa dièse mineur. Haydn nous réserve une surprise avec un superbe
Ré bécarre dès la troisième mesure, faisant sursauter toujours les oreilles
pourtant averties. Le Trio central s’ouvre avec une belle mélodie aux cors,
faisant penser aux lamentations.
Le quatrième mouvementPresto, en fa dièse mineur, est tout en
rapidité avec un thème dynamique. Mais après cent cinquante mesures déchaînées,
il s’interrompt brutalement pour laisser place à un second Adagio final (cinquième
mouvement). La particularité est que les musiciens désertent l’orchestre
les uns après les autres, pour ne plus rester que deux violons, seuls. L’œuvre se
termine avec les deux solistes, pianissimo.