Concerto n°6 op.6 de Haendel :
Les Concertos Grossos de Haendel :
Les concertos grosso op.6 de Haendel figurent parmi les plus célèbres du compositeur. Haendel écrivit deux séries de concertos grosses : les six (ou sept) concertos de l’opus 3, et les douze concertos de l’opus 6. Les premiers datent de 1734, les derniers de
1739. Ils furent composés en un temps record, du 29 septembre au 30 octobre et publiés l’année suivante.
Pour écrire ces œuvres aussi rapidement, Haendel a puisé dans son propre catalogue, reprenant parfois certains thèmes dans des œuvres déjà existantes.
Ces deux séries de concertos s’inscrivent dans la tradition italienne du genre, dans la lignée de Torelli et surtout Corelli. En effet, l’Angleterre avait eu connaissances de l’opus 6 de Corelli mais aussi de l’opus 2 d’Albinoni, l’Opus 3 de Vivaldi et de l’opus 3 de Geminiani. Haendel
ne pouvait rester à l’écart. Il fut certainement influencé par son éditeur John Walsh, tant dans un but artistique que financier.
Les Concertos Grossos op.6 :
Ces douze concertos sont tous écrits pour la même formation : deux violons et un violoncelle pour le Concertino, et un continuo. Plus tard, Haendel ajoutera (de manière facultative seulement) deux hautbois aux concertos n°1/2/5 et 6.
Les Concertos op.6 sont sans doute le sommet de son écriture orchestrale, Haendel montrant à la fois une grande richesse formelle, un retour aux traditions en utilisant la polyphonie (concerto n°6), de l’humour (concerto n°7), de la gravité (concerto n°6)…
Le Concerto n°6 op.6 :
Il s’agit du Concerto le plus célèbre de cet opus. Ecrit en sol mineur, il se compose de 5 mouvements, dont le plus célèbre est le mouvement central « Musette »
Larghetto e affetuoso : l’ouverture est solennelle, ce qui permet une ornementation du soliste. On remarque deux motifs : le premier aux mesures 1 et 2, et le second aux mesures 5 et 6. Deux tonalités dominent : le ton de sol mineur et celui de Si majeur. L’intensité de cette partition se dégage
surtout par des points d’orgue sur des accords de septième.
Allegro ma non troppo : il s’agit d’une fugue chromatique, donnant à ce concerto une touche dramatique. Ce concerto se situe alors dans le style da chiesa. En dehors du démarrage fugué, il n’y a plus de distinction entre le soliste et le ripieno. La texture est polyphonique, le sujet est chromatique (opposition avec
le contresujet diatonique et les sauts d’octaves).
Musette - Larghetto : ce mouvement appartient au domaine populaire. La tonalité de Mib apporte soudain un éclairage, par rapport à la fugue dramatique d mouvement précédent. Les solistes ont peu de poids : il y a un dialogue et non une rivalité avec le ripieno. La forme est cette d’une ritournelle,
reprenant chaque fois plus intensément le thème principal.
Si l’on regarde la forme précisément de plus près :
- Ritournelle construite de deux phrases symétriques de sept mesures dans le ton de la tonique.
- Couplet 1 construit sur le matériau de la ritournelle, dans le ton de la dominante
- Ritournelle (à la tonique)
- Couplet 2 qui reprend des éléments de dialogue entre le concertino et le ripieno, introduction de rythmes pointés dit rythmes français
- Ritournelle élidée
- Couplet 3 (en do mineur puis dans la tonalité principale puis fa mineur et enfin sol mineur)
- Ritournelle conclusive
A cette Musette s’ensuivent deux Allegros, qui malgré le retour à la tonalité principale du Concerto (sol mineur), procure un moment de détente. Il semblerait que Haendel omettait régulièrement de les jouer en public…