François Couperin, surnommé « Le
Grand », en raison de sa grande maîtrise de l’orgue, est l’un des plus
grands musiciens français de son temps. Issu d’une illustre famille de
musiciens, il laisse derrière lui ses célèbres Pièces pour clavecin, qualifiées de trésors nationaux.
Quintessence de la musique baroque instrumentale française, ces Pièces sont aujourd’hui des œuvres clés du répertoire, tout comme
son traité l’Art de de toucher le
clavecin eut une énorme influence sur la technique de l’instrument.
La vie :
Né à Paris le 10 novembre 1668, François Couperin représente la
quatrième génération de musiciens de sa famille. C’est donc tout naturellement
que son père le mit sur un clavier avant même de savoir parler. Le jeune
Couperin partage sa vie entre la rue des Monceau-Saint-Gervais et l’église. Très
vite, son but est devenir organiste de Saint-Gervais, comme son oncle et son
père avant lui. Enfant prodige comme Mozart, les Pères sont prêts à lui confier
la succession de son père (décédé en 1779) dès l’âge de onze ans ! Pour
lui assurer la succession familiale, l’organiste La Lande décide d’assurer l’intérim
pour l’enfant et de lui rendre la place quelques années plus tard. En
attendant, le jeune François étudie Titelouze, Frescobaldi, l’art polyphonique
et se forge dans l’art de l’improvisation.
En 1689, François Couperin est libéré de la tutelle de La Lande
(devenu maître de la Chapelle Royale) en 1683) et prend officiellement enfin sa
charge d’organiste de Saint-Gervais (qu’il tenait déjà depuis 1683). Il se
marie et l’année suivante livre deux messes d’orgue, aboutissement de ses
études et marquant le début de sa carrière.
Le reste de sa vie ne nous parvient que par fragments. Aucun
contemporain n’a laissé de traces écrites sur cet homme, ni lettres ni
manuscrits. Sa vie se confond avec son œuvre, enchaînant les postes brillants
et prestigieux : organiste à la Chapelle du Roi Louis XIV (1693), il possède
ses propres armoiries (1695) et est fait chevalier de l’ordre de Latran (1702).
En 1723, il cède sa place d’organiste de Saint-Gervais à son cousin Nicolas
Couperin, puis celle d’organiste du Roi à Guillaume Marchand (1730).
Surtout, François Couperin est un virtuose : aucun claveciniste n’a
pu se comparer à lui. Le seul rival possible aurait été Louis Marchand,
collègue de Couperin à l’orgue de Versailles depuis 1706. Mais dans ses dernières
années, avec la maladie, il doit arrêter de se produire et cesser toute
activité en public.
Couperin est un personnage qui a progressé comme compositeur, virtuose et même dans la
société : publication de tout ordre, concerts, honneurs, titres, blasons,
logements de mieux en mieux situés, dédicaces flatteuses d’autres musiciens,
notoriété en France et hors de France, rien ne lui a manqué.
L’œuvre :
Malgré des postes prestigieux et une carrière brillante, l’œuvre de
François Couperin reste modeste, non par ses qualités mais dans sa dimension :
pas de grandes œuvres pour le théâtre ou de grands motets mais des œuvres pour
une ou deux voix, quelques airs à boire, et beaucoup de musique instrumentale,
essentiellement de la musique pour clavier (hormis quelques sonates et concerts
de chambre). Il est l’un des seuls musiciens de son époque à ne pas s’être
essayé au ballet ou à l’opéra, mais rien de nous éclaire sur ces raisons.
En 1690, la musique de chambre
était alors très en vogue en France. C’est donc tout naturellement que François
Couperin compose les Nations (publié
en 1726), un recueil de Sonates :
« La première sonate de ce recueil fut
aussi la première que je composai et qui ait été composée en France. L’histoire
même en est singulière. Charmé de celles de Corelli et des ouvrages de Lully,
je hasardai d’en composer une, que je fis exécuter dans le concert où j’avais
entendu celles de Corelli. Connaissant l’âpreté des Français pour les
nouveautés étrangères sur toutes choses, et me défiant de moi-même, je me
rendis, par un petit mensonge officieux, un très bon service. Je feignis qu’un
parent que j’ai auprès du roi de Sardaigne m’avait envoyé une sonate d’un
nouvel auteur italien : je rangeai les lettres de mon nom de façon que
cela formât un nom italien, que je mis à la place. La sonate fut dévorée avec
empressement, et j’en tairai l’apologie ».
En 1693, après avoir été nommé organiste de la Chapelle Royale,
Couperin compose essentiellement de la musique religieuse : quatre motets
publiés, dont un seul en entier, et 25 petits motets et élévations à une, deux
ou trois voix). Mais il arrête sa production à la mort de Louis XIV en 1715.
Dans ces œuvres, il fait surtout usage de la sobriété, refusant les grandes
masses chorales et orchestrales pour glorifier Dieu, préférant la seule voix
humaine. Couperin ne donnera sa pleine mesure que devant un grand texte
biblique, celui des Leçons de Ténèbres.
Entre temps, entre 1714 et 1715, il compose un ensemble de suites à la
française (toujours destiné à être joué à la cour de Louis XIV lors de petits
concerts de chambre. Ces Concerts Royaux
(composés d’un prélude et d’une suite de danse), réunis sous le titre « Les Goûts Réunis » et publiés en
1722 sont davantage destinés à l'écoute qu'à la danse. François Couperin n’a
laissé aucune indication quant à l'instrumentation de ces pièces, si bien qu’une
même pièce peut être jouée au clavecin seul ou ce dernier pour la ligne de
basse, les autres instruments pouvant être un violon, une viole de gambe, un
hautbois ou une flûte.
Après le Second Livre de Clavecin (1716), François Couperin se tait jusqu’en
1722 où il publie enfin ses œuvres. Mais, celles-ci ont quasiment toutes été
écrites des années auparavant, voire trente ans plus tôt. A la veille de sa
mort, il y avait cinq ou six ans qu’il n’avait plus rien composé. Il mourut chez
lui le 12 septembre 1733. Le Mercure ne signala pas sa mort, et ne la
mentionna que deux mois plus tard, incidemment.