Le Quintette pour piano, deux
violons, Alto et violoncelle en fa mineur de César Franck est un chef
d'œuvre de la musique de chambre française. Écrit en 1779 et dédié à Camille Saint-Saëns,
l'œuvre est créée le 17 janvier 1880 à la Société Nationale de Musique.
L'accueil fut favorable et le public
séduit par cette nouvelle partition. Le dédicataire, lui, n'aurait pas été
enthousiasmé par cette musique "dramatique" et aurait abandonné le
clavier avec dédain sitôt le dernier accord plaqué. Même Liszt n'accepte pas
que l'on dramatise ainsi la musique de chambre.
Cependant, le Quintette trouve
ses défenseurs. A commencer par Chabrier et Debussy, un fervent admirateur de
César Franck, qui y aurait entendu de la "vraie musique".
Le Quintette à cordes ouvre
des voies nouvelles. Il est d'ailleurs le premier d'une longue lignée, avec
pour successeurs Vincent d'Indy, Chausson, Fauré, Florent Schmitt... Avec cette
œuvre, César Franck aborde un style nouveau, mais également son propre style
musical : une écriture nouvelle et une architecture ample avec l'usage du
procédé cyclique (influencé par Schumann et Liszt). Mais ce qui marque
profondément ce Quintette, c'est l'ampleur dramatique qui se dégage
d'une œuvre purement instrumentale. Certains y voient l'écho d'une crise
passionnelle intérieure ; César Franck était si discret sur sa vie personnelle
que les doutes laissent place à l'ignorance sur les années de composition du
célèbre Quintette pour piano en fa mineur.
Analyse
:
Le Quintette pour piano, deux
violons, alto et violoncelle en fa mineur se compose de trois parties :
1.Molto moderato quasi lento
2.Lento con molto
3.Allegro non troppo ma non fuoco
Mouvement 1 : Molto moderato quasi
lento
César Franck débute le Quintette
par une courte introduction avec le thème principal. Ce thème est passionné, dramatico
comme indiqué sur la partition. Il est énoncé au premier violon, accompagné
discrètement par les trois autres instruments à cordes. Un doux accompagnement
au piano, avec des triolets en 12/8, lui répond aussitôt, à l'ombre d'une
berceuse.
Après une double exposition des
thèmes, des idées secondaires se greffent et permettent le dialogue entre tous
les instruments.
Une troisième idée musicale arrive.
Elle est influencée par le premier thème et son dramatisme. La première partie
est au violon alors que la seconde est au violoncelle. Va naître aussitôt un
quatrième motif, antithèse du motif précédent, chanté par l'alto Dolce molto
espressivo.
Le dialogue devient de plus en plus
agité et tourmenté. Une série de batterie d'accords au piano permettent
l'arrivée du thème cyclique. Ce thème, plus passionné Tenero ma compassione,
se permet des tonalités plus tourmentées, clôt cette Exposition et amène la
partie Développement.
La partie centrale, vaste, s'axe
immédiatement sur le troisième thème. Puis, tous les motifs se mêlent dans tout
ce dramatisme musical fiévreux et agité. Un climax est entendu sur le thème
principal avec un fortissimo dramatique. Puis les thèmes s'affrontent les uns
les autres jusqu'a la Réexposition.
La Réexposition est amenée avec plus
de liberté. Le second thème réapparaît bientôt. Mais ce souffle léger est très
vite emporté par le développement final du thème cyclique, que César Franck
mène à son paroxysme. Le tout est un immense animato menant aux
discrètes mesures conclusives.
Mouvement 2 : Lento con molto
Écrit en la mineur, dans une mesure à
12/8, ce mouvement lent se dessine grâce à la continuité de sa mélodie. Un
thème ample est confié au premier violon, soutenu par des accords au piano. Ce
thème dolce est long et subit une seconde exposition, à l'octave
supérieure. S'invite ensuite une idée cyclique qui interviendra durant tout le
Finale.
Dans le Développement, César Franck
réinvite le thème cyclique et renforce ainsi l'effet dramatique. La tension et
le dramatisme ne diminueront qu'à la conclusion de ce second mouvement.
Mouvement 3 : Allegro non troppo
ma non fuoco
Écrit dans la tonalité de fa majeur,
ce mouvement se situe dans la tonalité extrême du mouvement initial. Il débute
par une introduction saccadée de doubles croches répétées lancées par le second
violon, où s'esquisse un premier thème. Exposé en octaves, ce thème a un
caractère nerveux. Il s'oppose à l'idée thématique du second mouvement qui
s'invite dans tout ce finale.
Les deux idées thématiques sont
développées, étirées, opposées, mélodiquement, rythmiquement, tonalement. On
aperçoit ici le génie de l'architecture : plutôt que de présenter les deux
motifs séparément comme le veux la tradition, Franck les superpose.
L'inquiétude grandit et le drame s'accentue.
Survient alors le thème cyclique
énoncé au mouvement initial. Le mouvement s'accélère de plus en plus jusqu'à
l'unisson final où la tonique est répétée douze fois !