« Le but des Nuits dans les jardins d’Espagne est d’évoquer des lieux,
des sensations et des sentiments. Les thèmes employés sont basés sur la musique
populaire d’Andalousie. La musique ne prétend pas être descriptive – elle est
simplement expressive. Mais quelque chose de plus que les sonorités des danses
et des festivals ont inspiré ces “évocations en sons” car la mélancolie et le
mystère y jouent réellement un rôle ».
« Impressions symphoniques ». C’est le nom donné pour ces trois
pièces pour piano et orchestre. A l’origine, De Falla écrit trois nocturnes pour piano seul (1909), mais
sur insistance de son ami et pianiste Ricardo Vinès (dédicataier de la
partition), il les transcrit pour piano et orchestre. Ecrites entre 1911 et
juillet 1915 (pendant la période parisienne du compositeur, mais achevées à
Barcelone lors d’un séjour), elles furent créées le 9 avril 1916 au Teatro Real
de Madrid, sous la direction de son commanditaire Enrique Fernandez Arbos.
Cette partition porte les accents de son époque, influencée par le Debussy d’Iberia et le Ravel de la Rhapsodie Espagnole.
Ces trois pièces ne sont
pas à rapprocher d’un Concerto pour piano. Elles s’apparentent davantage à un
poème symphonique en trois mouvements, décrivant trois jardins. Les Nuits sont
donc une succession de tableaux, dont l’unité est assurée par la rythmique
andalouse. Si la partition d’orchestre est exubérante, elle permet de mettre en
évidence le soliste, dont l’écriture s’inspire de celle de la guitare, élaborée
et brillante.
1. En el Generalife (Au Généralife) :
Cette pièce fait référence au nom de la résidence
d’été des rois maures à Grenade, pourvue d’un magnifique jardin en terrasse. Un
premier thème est exposé par l’orchestre (tranquillo,
à 6/8), puis repris par le piano avec des figures virtuoses sur toute l’étendue
du clavier. Un second thème apparaît, s’imposant peu à peu avec un beau
crescendo sur de larges accords.
2. Danza lejana (Danse lointaine) :
Manuel de Falla reproduit la même atmosphère
délicate et enchanteresse. Quelques envolées pianistiques, une danse marquée
par des contretemps, un jeu des vents, des écho aux cordes… Manuel de Falla
écrit les prémisses de ce qui fera de lui l’un des maîtres de l’impressionnisme
musical.
3. En los jardines de la sierra de Cordoba
(Dans les jardins de la sierra de Cordoue) :
Cette pièce s’enchaîne directement à la précédente.
Construite sur une forme rondo (avec couplet / refrain)), de Falla nous
transporte dans une fête de nuit, digne des zambras gitanes. Les percussions
multiplient les sonorités éclatantes et scintillantes (triangle et cymbles),
contrastant ainsi les deux premiers mouvements. Un solo de piano se distingue
dans la partie centrale (Allegro moderato), Manuel de Falla nous emmène en plein folklore
andalou. La musique s’évanouit progressivement, avec un soliste qui tire sa
révérence avec de brèves ponctuations pianistiques.