L’Arlésienne est un mélodrame en trois actes, tirées des Lettres de mon moulin par Alphonse
Daudet lui-même (1869). Georges Bizet en composa la musique en 1872, avec un
total de 27 numéros, dont 16 mélodrames et 6 chœurs.
La première
représentation eut lieu le 1er octobre 1872 à Paris, au Théâtre du
Vaudeville. La pièce en elle-même fut un échec, mais la musique connut un tel
succès que Bizet en adapta immédiatement une Suite d’orchestre (Suite n°1),
jouée le 10 novembre 1872 aux Concerts populaires du Cirque d’Hiver, sous la
direction de Jules Pasdeloup.
Quatre ans plus tard,
en 1879, après la mort de son ami Bizet, Ernest Giraud décida de rédiger une
seconde suite d’orchestre (Suite n°2),
qui comporte davantage de musique de scène que la Suite initiale écrite par
Bizet lui-même.
La musique de scène
écrite par Bizet se composait d’un effectif réduit de 26 musiciens. Pour sa
suite d’orchestre, il étoffe l’orchestre et multiplie les pupitres.
La suite n°1 écrite
par Bizet se compose de quatre numéros :
1. Prélude (ouverture
du drame)
2. Minuetto (n° 17 de la musique de scène)
3. Adagietto (n° 19 de la musique de scène)
4. Carillon (n°18
de la musique de scène)
Analyse :
Prélude (Allegro
deciso) :
Cette pièce sert d’ouverture
du mélodrame initial et se compose de trois parties distinctes :
1. La première section est une suite devariations sur le thème connu de la « Marche
des Rois », un vieux Noël de Provence. Le thème est d’abord exposé aux
cordes, puis apparaît une première variation aux bois, une seconde aux aux cordes,
puis une troisième aux violoncelles (qui le font entendre dans une tonalité
majeure), et enfin une dernière à l’orchestre, avant d’être entendu une dernière
fois sans accompagnement pour la coda.
2. La seconde partie présente le drame à travers une mélodie attachée au personnage d’Innocent
(jouée par le saxophone alto, un instrument de facture récente qui faisait une
des nouveautés de la partition).
3. Un autre thème évoquant la douleur et l’amour fatal est relié à l’autre personnage de Frédéri, et énoncé passionnément
aux violons.
Minuetto :
Cette pièce est
initialement jouée pendant l’entracte du troisième acte du mélodrame. Il s’agit
d’une sorte de Scherzo avec un Trio central, animé d’un rythme de danse
populaire. On observe beaucoup de contrastes de dynamiques dans cette page,
notamment entre les fortissimo du début et les pianissimi de conclusion.
Adagietto :
Cette page se joue à l’origine
avant le lever de rideau du quatrième tableau. Elle accompagne le berger
Balthazar et Renaude, qui se retrouvent tous les deux, évoquant leur amour de
jeunesse après une vie entière de séparation.
Ecrite en Fa majeur, dans
un tempo lent à trois temps, cette page se compose de seulement trente-quatre
mesures et est interprétée par les cordes seules, en sourdines. Le thème est d’abord
exposé aux violons, pianissimo, alternant entre valeurs longues et broderies.
Puis s’amorce une envolée lyrique en mouvements conjoints, crescendo avant de
réapparaitre pianissimo à l’octave supérieure pour finir par s’éteindre.
Le thème, plein de
tendresse, évoque les souvenirs des deux protagonistes avec une expression
incomparable dans l’œuvre de Bizet.
Carillon :
Il est l’élément
central entre le Minuetto et le l’Adagietto. Ce sont des mesures gaies
et soutenues : l’action se situe avant le quatrième tableau et évoque la
fête du troisième acte puisque l’on apprend que Frédéri et Vivette se marieront.
Il s’agit d’un Scherzo
construit sur un ostinato de « cloches » (sol dièse – mi – fa dièse
au cor et harpe), avec un thème joyeux et coloré composé de blanches et de
triolets. Ledynamisme est accentué par
l’alternance des nuances (pianissimo/fortissimo), des accords tonitruants aux
cordes et bois.
Le Trio central est à
6/8, de tempo plus lent et construit sur un rythme de sicilienne qui unit deux
flûtes dans un univers pastoral.
Le Scherzo revient à
nouveau, soutenu ensuite par la mélodie du Trio. Un crescendo nous ramène un forte orchestral et clôt la partition.