La Damnation de Faust est une légende
dramatique conçue pour le concert, d'après le Faust de Goethe. Commencée en 1828, la partition sera achevée en
1846. L'œuvre sera ensuite mise au théâtre après à sa mort, pour la première
fois à Monte-Carlo en 1903, puis à Paris en 1913.
Dans ses
Mémoires, Berlioz raconte comment il
écrivit sa partition : "Je
l'écrivais quand je pouvais et où je pouvais : en voiture, en chemin de fer,
sur les bateaux à vapeur, et même dans les villes, malgré les soins auxquels
m'obligeaient les concerts que j'avais à y donner. Ainsi, dans une auberge de
Passau, sur les frontières de la Bavière, j'ai écrit l'introduction : Le vieil
hiver a fait place au printemps. A Vienne, j'ai fait l'air de Méphistophélès :
Voilà des roses et le Ballet des Sylphes. Je fais en une nuit, à Vienne
également, la marche sur un thème hongrois de Rakoczy (...) Je ne cherchais pas
les idées, je les laissais venir, et elles se présentaient dans l'ordre le plus
imprévu".
Ainsi,
la marche hongroise fut écrite en une
nuit, à Vienne. Il a utilisé les thèmes d'une Marche Hongroise, dite de Rakoczy, considérée comme l'air national
des Magyars.
A
l'origine, elle aurait été composée par un bohémien au XVII° siècle. François
II de Rakoczy fut séduit par cette musique et l'adopta. Il la faisait jouer
lorsqu'il donnait bataille, devant ses soldats afin d'exalter leur patriotisme.
Pour
inclure cette marche dans son œuvre, il déplace l'action et Faust se retrouve
en Hongrie au début de l'œuvre, assistant au passage d'une arme hongroise à
travers la plaine. Ce passage est très apprécié du public, et fut souvent bissé
à son époque lors des représentations.
Lorsque
Faust aperçoit les soldats, il chante :
"Ah ! Les fils du Danube aux combats se
préparent !
Avec quel air fier et joyeux
Ils portent leur armure !
Et quel feu dans leurs yeux !"
Alors
retentit une sonnerie de trompette. La marche commence par le thème hongrois.
Écrit en la mineur, le thème utilise des motifs tournoyant autour de la
tonique, d'abord légèrement. Puis, vient un second motif, plus en valeurs
longues et pointées, davantage concentrée sur la dominante. L'atmosphère
bascule dans la tonalité de La majeur, symbolisant les troupes marchant et
défilant toujours.
Puis,
les cuivres annoncent le passage des cavaliers. L'atmosphère s'assombrit.
Berlioz évoque maintenant la guerre. L'orchestre est sombre et tourmenté, avec
le premier thème énoncé, mais grave et surtout rythmé. La grosse caisse laisse
échapper des bruits de canon, puis le thème devient de plus en plus présent,
fortissimo. Le combat fait rage à présent, menant à la victoire avec la reprise
du premier thème. La marche se clôt dans des derniers accords tonitruants, qui
enthousiasment le public.