Bartók est le plus grand compositeur hongrois du XX° siècle,
un spécialiste du folklore et surtout un génie pianistique révolutionnaire.
Avec une production vaste de plus de trois cent pièces, réparties sous 28
numéros d’opus, Bartók nous offre une bonne perspective de ses méthodes
compositionnelles. Sa production inclut des pièces attrayantes, des
chefs-d’œuvres (Allegro Barbaro,
1911), une œuvre d’une dimension pédagogique comparableaux Inventions
et Préludes de J.S. Bach avec les six cahiers de Mikrokosmos et la Sonate pour
deux pianos et percussions. Ces deux œuvres sont certainement conçues comme
un aboutissement de la part de Bartók, car après la composition de la Sonate pour deux pianos et percussions,
il ne composa aucune pièce pour piano durant les huit dernières années de sa
vie.
En étudiant la musique pour piano de Bartók, il faut retenir
trois aspects essentiels :
-Son
appartenance au peuple hongrois
-Son
esprit révolutionnaire
-Sa
technique pianistique
La Suite pour piano :
La Suite pour piano
op.14 est l’une des œuvres les plus appréciées de Bartók. La pièce fut écrite à
Rakoskeresztur en février 1916 et jouée pour la première fois en public par
lui-même à Budapest le 21 avril 1919.
Bartók possède depuis longtemps son langage et sa technique
pianistique propre. Il compose donc une œuvre ferme et brillante, en trois
mouvements rapides, enrichis d’une conclusion lente. En effet, le seul
mouvement lent de cette composition se situe à la fin. Un autre devait succéder
à l’Allegretto, mais Bartók se ravisa
et en abandonna l’écriture. Ce mouvement lent est le sommet de cette Suite op.14 avec seulement trente-cinq
mesures, mais au combien riche en intensité expressive.
Les premier (Allegretto)
et troisième mouvements (Toccata)
sont d’inspiration folklorique : le premier est écrit sur un thème « imaginaire »
d’inspiration roumaine, le troisième est issu du répertoire arabe avec un
ostinato fanatique, construit sur un ambitus restreint mais envoutant pour
l’auditeur.
Dans les quatre mouvements, Bartók recours à des gammes par
tons, use de tritons et de polytonalité. Dans le second mouvement « Scherzo », il emploie une série de dix
sons qu’il utilise sous toutes ses formes sans la développer, faisant penser au
dodécaphonisme de l’école viennoise. Cette phrase aboutiraà l’usage d’une phrase de douze sons.
« Il est vrai que pendant un certain temps,
j’ai approché une certaine catégorie de musique à douze sons. Mais un des
traits caractéristiques de mes œuvres de cette époque est qu’elles sont construites
sur une base tonale sans équivoque ». Les phrases de dix, onze ou
douze sons sont nombreuses dans l’œuvre de Bartók (sujet du Deuxième Quatuor, troisième mouvement la
Sonate pour violon seul). Pourtant, jamais
Bartók n’adoptera jamais l’écriture viennoise de Schoenberg, pas plus qu’il ne
sera jamais complètement atonal. Il se libère simplement des conventions
tonales existantes.