La Toccata et Fugue en ré mineur BWV565 est l’œuvre la plus connue et
la plus populaire de J.S. Bach. Il existe néanmoins quelques doutes sur la
paternité de cette pièce : certains pensent qu’elle n’a pas été écrite de
la main de Bach mais d’un imitateur du nom de Johann Peter Kellner (1705-1772),
qui eut pour élève Johannes Ringk (1717-1778). C’est en effet grâce à ce
dernier si nous avons aujourd’hui une copie du manuscrit de cette Toccata et Fugue. L’original a
malheureusement disparu et il s’agit là de la copie la plus ancienne. Sur cette copie, nul titre d’inscrit, mais
juste une mention « Adagio ». L’œuvre ne fut publiée qu’en 1833 à l’initiative
de Mendelssohn qui aimait la jouer.
Quoiqu’il en soit, si J.S. Bach est bien l’auteur de ce monument
musical, il l’a en tout cas écrite dans sa jeunesse, peu après 1705, donc après
la rencontre bouleversante d’avec Buxtehude, mais avant la l’influence des maîtres
italiens.
Toccata :
Ecrite dans la tonalité de Ré mineur, cette œuvre commence par une
dominante tenue, à laquelle s’enchaine des traits rapides de triples croches. Silences.
Nouvelle dominante à l’octave inférieure, puis variante des traits rapides.
Silences. Dominante tenue encore une fois, octava bassa. Silences. Puis, après
une pédale de Tonique, un accord lent et tenu se fait entendre, avant de céder
à une brève cadence.
Après quelques silences commence une nouvelle section, tout en traits
rapides suivant une progression ascendante. Demi-cadence puis reprise de cette
section à l’octave. S’ensuivent des arpèges descendants avant de retrouver de
nouveau la pédale et l’accord tenu. Fin de cette première section sur une
cadence parfaite.
S’ouvre une autre section, toute en arpège et progression ascendante,
alors que la basse nous fait entendre une pédale de dominante en doubles
croches répétées. De nouveau des arpèges, une demi-cadence, puis répétition des
arpèges et demi-cadence. Bref « hoquets » musicaux et nous entendons
l’épilogue, basé sur des accords de septièmes diminués. Cadence et fin de cette
Toccata.
Fugue :
Partie 1 :
La fugue commence par son célèbre sujet basé sur une mélodie
descendante enchevêtrée dans des notes répétées de dominante. La réponse se
fait en Sol mineur, et en même temps nous entendons un contresujet. S’ensuit un
épisode descendant par secondes qui aboutit à l’écoute des trois éléments
(Sujet, Réponse et Contresujet) de manière simultanée. S’ensuit un nouvel épisode
descendant par secondes, puis des chromatismes provoquant des modulations continues.
Bach nous fait ensuite entendre quatre éléments simultanément : le
Sujet, la Réponse, le Contresujet et la pédale de dominante. Nouvelle
modulation en Fa majeur (qui est la tonalité relative) avec des accords de sixte
parallèles.
Partie 2 :
Nous repassons maintenant à deux voix avec le sujet et son
contresujet. S’enchaine des passages descendants, puis des arpèges répétés
plusieurs qui nous ramènent à la tonalité principale. Sujet et contresujet sont
encore présent suivis des arpèges répétés sur de nombreuses mesures. Un bref
dialogue entre les deux voix sur des traits rapides triples croches et Bach
nous ramène avec le Sujet, le contresujet et la pédale de dominante (longue
trille dans les aigus cette fois).
Nous avons ensuite un passage libre construit sur le Sujet, dans la tonalité
voisine de Sol mineur. On y entend beaucoup de chromatismes et de modulations.
Partie 3 :
Elle débute par le Sujet et Contresujet, soutenus par la pédale de
dominante, mais amène immédiatement une demi-cadence. S’ensuit des arpèges
brisés sous une pédale de dominante très basse. Puis cadence rompue. C’est le
passage de virtuosité qui se fait entendre avec des traits rapides et triples
croches. Puis, soudainement, des accords sur un « adagissimo ». De nouveau un presto encore plus rapide auquel s’enchaîne
des arpèges suivis d’accords, le tout répété plusieurs fois. La fugue se
conclut sur un « molto adagio »,
avec une belle cadence plagale.