Compositeur français chef de file de l'entre-deux-guerre, Albert Roussel est un musicien inclassable : formé au contrepoint de la Schola Cantorum, il reste en marge des impressionnistes, mais conserve un classicisme accru, excèle dans une harmonie âpre et raffinée, se permet des touches de polytonalités...
Son oeuvre se révèle complexe mais équilibrée, et immédiatment reconnaissable.
Albert Roussel est né le 5 avril 1869, au sein d’une famille bourgeoiseindustrielle tourquennoise. Orphelin de ses deux parents à l'âge de huit ans,
il est recueilli par son grand-père, maire de Tourcoing, puis par son oncle
Félix Réquillard. Très vite, la mer l’attire. Il choisit son métier : il
deviendra marin. En 1884, il entre au collège Stanislas de Paris puis prépare
l’Ecole Navale qu’il intègre trois ans plus tard. En 1889, il entame une
période de cinq années de campagnes de navigation, successivement au
Proche-Orient, en Atlantique, puis en Extrême-Orient. Mais les conditions de
vie en mer sont éprouvantes. A son retour, en 1894, il obtient un congé de la
Marine pour raisons de santé, et retourne dans sa famille à Roubaix.
C’est à ce moment que la musique entre dans sa vie : il suit des
cours d'harmonie avec Julien Koszul, directeur de l'École nationale de musique
de Roubaix, puis intègre la Schola Cantorum en 1898. Il assimile si vite l’enseignement
d’Eugène Gigout et de Vincent d’Indy qu’il enseigne lui-même le contrepoint,
dans cette école, dès 1902. Parmi ses élèves Roland-Manuel, Erik Satie ou Edgar
Varèse.
En 1902, il quitte la marine pour raisons de santé. Ses œuvres commencent
alors à être jouées en public. En 1904, sa première œuvre pour orchestre Résurrection est dirigée à la Société
Nationale par Alfred Cortot, et sa première symphonie le Poème de la forêt voit le jour. Il écrit également beaucoup pour
la voix, avec de nombreuses mélodies (Poèmes
d’Henri de Régnier, Poèmes chinois),
et pour la musique de chambre (Divertissement
pour flûte, hautbois, clarinette, basson, cor et piano, 1906).
En 1908, il épouse Blanche Preisach et part en voyage de noces aux
Indes et au Cambodge. A son retour, il connaît un succès avec le Festin de l’araignée (1913), mais à la
déclaration de guerre, il s’engage à la Croix Rouge puis est intégré à l’armée
de terre en 1915. Après ces années de guerre, il se consacre à son opéra Padmavati, dont l’écriture avait
commencé en 1914. Après la guerre, il enseigne à nouveau mais en privé. Sa
réputation de pédagogue n’est plus à faire. Parmi ses élèves, Bohuslav Martinu.
Son influence sur les jeunes musiciens de l'entre-deux guerres, qui le
considéraient comme un chef de file, est capitale.
A partir de 1920, il s’installe près de Dieppe et se consacre entièrement à la
composition. C’est au cours de cette période de sa vie qu’il écrit ses plus
belles pages symphoniques : Les symphonie
n°3 (1930) & symphonie n°4
(1935), la Suite en Fa (1926) ou son
ballet Bacchus et Ariane (1931).
En 1930, il se rend à Boston, aux Etats-Unis, pour assister à la
création de sa Symphonie en sol mineur.
L’année suivante, son ballet Bacchus et
Ariane est créé à l’Opéra de Paris. Bruxelles dirige en 1935 Aeneas. En 1937, il écrit sa dernière œuvre,
un Trio à cordes. Albert Roussel,
ayant une santé précaire depuis 1935, meurt en 1937.