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Corelli : Concerto grosso n°8 op.6 "Pour la nuit de Noël"

 

Arcangelo Corelli est considéré comme l’inventeur de la Sonate et du Concerto. Pourtant, ces deux genres existaient bien avant lui. La Sonate était représenté par Legrenzi et Bononcini (deux compositeurs italiens aujourd’hui oubliés) et le Concerto par Stradella. L’influence de Corelli sur ces deux genres est incontestable puisqu’il donne à la Sonate et au Concerto ses lettres de noblesses et en définit une forme plus précise.

 

Les Concertos Grossos op.6 :

Les douze Concertos Grossos op.6 parurent en 1714 (à titre posthume) chez Roger à Amsterdam. L’ensemble des Concertos est dédié à l’électeur palatin Johann Wilhelm. Ces concertos furent en réalité écrits dans les années 1680 ; le témoignage de Georg Muffat confirme la diffusion de ces œuvres durant ces années.

Les Concertos Grossos sont écrits pour un Concertino (les solistes) de deux violons et un violoncelle et un Ripieno (ou tutti) de deux violons, d’un alto, d’un violoncelle et d’une basse continue. La particularité de ce œuvres est que les deux groupes dialoguent entre eux, se répondent et jouent en alternance.

Les huit premiers Concertos sont des « concertos d’église » (ou da chisea), et les quatre derniers sont des « concertos de chambre » (ou da camera) incluant des mouvements de danse. Il faut néanmoins savoir que ces deux catégories convergent souvent leur style régulièrement.

Les concertos da chiesa possèdent une introduction lente, au moins un mouvement de style fugué et un mouvement en style antica (ancien). Les concertos da camera se composent, eux, d’un mouvement de danse , d’un mouvement lent sans rapport avec une danse répertoriée.

De manière générale, le style da chiesa est largement favorisé par Corelli, dans ses Sonates ou ses Concertos, à cause de son lieu de naissance (Bologne) et de sa fonction.

Le nombre de mouvements des douze Concertos Grossos est aléatoire, oscillant entre six mouvements (les numéros 1 et de 8 à 11), cinq mouvements (n°3 – 5 – 6 – 7 – 12) ou quatre mouvements (n°2 & 4).

 

Le Concerto Grosso n°8 « pour la nuit de Noël » :

Ce Concerto est devenu l’un des plus célères en raison de son titre « Pour la nuit de Noël ». Il fut composé pour le cardinal Ottoboni, l’un de ses principal protecteur. Cette œuvre est écrite en Sol mineur (ce qui ne signifie pas que le ton doit être grave et dramatique mais envisagé comme intime et solennel) et se compose de six mouvements :

Vivace / Grave :

Ce mouvement est très bref. A la neuvième mesure, le Vivace cède sa place à un Grave déchirant. Les musiciens entrent successivement, dans une écriture très solennelle.

Allegro :

Ce mouvement se divise en deux parties, de type   II : A :II : B : II 

Il se base essentiellement sur desimitations, enchaînant les dialogues et les réponses entre le Concertino et le Ripieno, produisant des échos permanents. Les marches harmoniques sont modulantes et suivent un parcours simple, s’en tenant aux tons voisins. Le matériel mélodique est également simple et travaillé de façon rudimentaire.  

Adagio / Allegro / Adagio :

Ce mouvement est en Mi bémol majeur et fait des appels à la futureforme-sonate.

Il se décompose de la façon suivante :   II : A (Adagio) :II : B (Allegro) A’ (Adagio) :II    

L’adagio est centré sur la beauté mélodique, les échos entre les deux groupes instrumentaux alors que l’Allegro plus vif est pour l’essentiel modulant, en traits rapides sur des notes pivots. A la fin, quelques mesures conclusives terminent ce mouvement, en reprenant quelques cellules mélodiques de l’Adagio.

Vivace :

Construit dans l’esprit du Menuet, ce mouvement nous fait retrouvé la tonalité d’origine de Sol mineur.

Allegro :

C’est particulièrement dans ce cinquième mouvement que Corelli s’approche le plus de la forme sonate, dans la mesure où dans le thème principal est réexposé à la tonique après une partie centrale développée et modulante.

Largo (Pastorale) :

Enchaîné sans interruption, cette Pastorale tranche avec le reste du Concerto. Il chante particulièrement Noël mais reste facultatif dans cette œuvre. Il peut faire à lui seul un morceau à part et particulier car Corelli l’a écrit en Sol majeur ( !), fait inhabituel dans un Concerto. Elle nous transporte alors dans un autre monde, si différent de l’univers solennel des cinq mouvements précédents.

 

Dans l’ensemble, ce huitième Concerto « pour la nuit de Noël » possède une texture simple et claire. Les procédés contrapuntiques sont rares, l’écriture est parfois typique de celle de la sonate en trio  et on observe même des croisements dans les voix supérieures. Le tissu musical est souvent imitatif, complété par des marches harmoniques, des effets d’échos, des improvisations des lignes ornementales dans les mouvements lents, la réexposition, et les reprises.

Ces Concertos Grossos furent célèbres du vivant de Corelli mais leur parution à titre posthume leur donna une dimension autre à tel point qu’ils furent joués sans interruption jusqu’au début du XIX° siècle. Il faut attendre quelques années pour que le Concerto devienne un genre spécifiquement réservé aux solistes. Antonio Vivaldi se fait foi de cette charge, avec brio, et laisse derrière lui des centaines d’œuvres solistes.

                                                                                                                                                                                                        

                                                                                                                                                                                                                                      

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